Confinement post greffe

Pour toutes les méthodes de greffe la phase de confinement post-greffe est la plus importante pour la réussite de la greffe, dans la mesure où c'est souvent la cause principale des échecs.

C'est pendant cette phase que va s'établir la jonction entre la tige du PG et celle du greffon, qui va permettre

• i) la bonne circulation de sève entre les deux et,
• ii) la liaison mécanique entre ces deux tiges.

Une température relativement élevée est très favorable à une reprise rapide (et au taux de réussite). Idéalement, viser une température proche de 27°C. A 22°C la reprise est plus lente et le taux de réussite commence à diminuer. En dessous de 18°C les résultats sont médiocres voire mauvais.

On distingue 2 étapes : l'établissement de la jonction entre les 2 tiges, puis la ré-acclimatation aux conditions normales de lumière et d'hygrométrie.

Évidement il y a une évolution progressive pendant chaque étape et un passage progressif de l'une à l'autre, mais il est plus simple de distinguer les deux en raison de leurs exigences spécifiques.

les besoins et contraintes majeurs de cette phase de soin intensif de cette étape post-opératoire sont les suivants

• pendant ces premiers jours, permettre au greffon de survivre sans ou avec très peu d'apport de sève par la tige du greffon; cette survie est possible par la capacité du greffon de “respirer” et d'absorber l'humidité ambiante par les pores de ses feuilles : pour cela il est indispensable de maintenir le degré d'hygrométrie au dessus de 90%. Pendant cette phase, pas d'ouverture du confinement, sauf, au besoin brièvement, pour une brumisation.
• comme les apports en eau et nutriments sont minimes, il convient de ralentir aux maximum leur consommation : il faut donc que la photo synthèse reste très faible, surtout pendant les premières 48 h. Pour cela l'éclairement doit rester très faible. Nota: certains recommandent même le noir absolu pendant 24h. Toute exposition directe à la lumière solaire serait fatale au greffon en moins d'une 1/2 heure. La recommandation est de maintenir les plantules dans une lumière faible, comme celle que l'on peut obtenir à l'intérieur sans aucune exposition directe aux rayons du soleil.
• Pour établir la jonction entre les tiges, il faut que des cellules se créent au point de jonction pour établir cette “soudure”. Pour cela la plante puise dans ses réserves. Comme il est important que cette jonction se rétablisse le plus rapidement possible, il convient que la température soit suffisante. L'idéal semble être une température entre 26°C et 28 °C avec un minimum de 23°C. En dessous de 19/20°C le taux d'échec augmente très sensiblement, à 15 / 16°C il dépasse largement 50%.
• il va sans dire qu'il faut éviter toute contrainte mécanique pendant cette étape. Les manipulations des plants greffés sont donc à proscrire.

La durée de cette première étape est de 3 à 5 jours.

A ce stade de “convalescence” une jonction entre tiges est établie, mais la circulation de sève n'est encore que partielle et la jonction reste mécaniquement très fragile ; le plant greffé reste donc très fragile et il va lui falloir de temps pour être capable de retrouver des conditions environnementales normales.

Les besoins spécifiques sont le suivants :

• baisse très progressive de l'hygrométrie pour inciter le greffon à utiliser la circulation de sève (plutôt que sa “respiration” en atmosphère humide) pour ses besoins en eaux et nutriments ; au terme de cette étape le plant greffé devra pouvoir vivre dans les mêmes conditions que les pieds francs. Ce retour à l'hygrométrie ambiante se réalise par une ouverture progressive du confinement (un peu plus chaque jour). Par exemple on peut décaler le couvercle (ou en surélever un coté) de 0,2 cm, le 4 ème jour, puis de 0,5 cm, le 5 ème jour, 1 cm le 6 ème jour, etc. en ajustant cette ouverture à la réaction des plants greffés (refermer un peu si, au bout de 2 ou 3 heures, les plants ont les feuilles qui tombent ; alors recommencer le lendemain).
• une augmentation progressive de l'éclairement (sans jamais être exposé aux rayons solaires directement) est également indispensable à la reprise de l'activité de photosynthèse qui va permettre à la plante de retrouver sa croissance normale et surtout de consolider la jonction entre tiges. Il semblerait qu'à partir de G+4 il soit important que le bac de confinement reçoive au moins 1000 lux et si possible le double en fin de confinement.
• les précautions à prendre concernant la température et l'absence de contraintes mécaniques restent les mêmes que pendant l'étape précédente.

La durée de cette phase varie de 4 à 5 jours.

Une enceinte de confinement doit satisfaire les exigences suivantes :

• être assez haute pour recevoir les plants greffés
• laisser passer la lumière atténuée
• pouvoir être fermée pour maintenir l'hygrométrie au delà de 90% pendant les premiers jours
• pouvoir être entre-ouverte progressivement pour permettre une baisse progressive de l'hygrométrie

• s'il y a besoin d'augmenter l'hygrométrie, la brumisation dans l'enciente fait l'affaire, mais jamais directement sur les feuilles, donc en “visant” les parois de l'enceinte
• à la sortie du confinement, éliminer les éventuels départs de racines adventices à la base du greffon (sans brusquer la plante)
• à la sortie du confinement, éliminer les éventuels départs de tiges adventices sur la tige du PG
• à la sortie du confinement et même dans les 2 à 3 semaines qui suivent, ne pas enlever les pinces (c'est comme un “plâtre” après réduction d'une fracture)
• continuer à manipuler avec précaution, car la jonction reste fragile quelques semaines ; la pince tombera probablement toute seule du fait de la croissance du diamètre de la tige
• ne pas déplacer vers un environnement trop sévère (éviter exposition solaire brutale, éviter des températures trop fortes ou trop faibles).

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