Touche pas à mon os !

[ours08]

Tout s'explique . Matou, je comprend enfin pourquoi tu faisais un élevage intensif de vers blancs de hannetons.
Si Anne n'a pas de taupes, tu devrais lui expliquer comment tu faisais pour avoir une telle réussite dans ton élevage.

Dans le nord ouest de mon département, ils appelaient les larves de hannetons" sucres à chien", mais je n'ai jamais eut de chien qui en mangeait.
J'espère que personne, n'aura l'idée de nous faire ingurgiter un jour les protéines, qu'ils contiennent en guise de steak.

En ce qui concerne les os, Anne, j''espère que tu te rends compte, que peut être tu prives les gypaètes de leur nourriture.
Des gypaètes, il n'y en a pas dans mon coin. S'il y en a eut un jour, en tout cas , je ne suis pour rien, tout du moins je le crois, dans leur disparition locale.

[Cat69]

Anne la description des poubelles de ton boucher me fait rêver ( c'est improbable dit comme ça !).
Et me motive pour essayer par ici. Ce serait vraiment trop bien une mine pareille...
Ici aussi j'essaye de restreindre les poules à leur enclos quand je jardine, sinon parfois je n'arrive même plus à accéder au sol tellement elles sont sur mes mains !

[Anne]

Cat, j'imagine que le contenu des poubelles de tous les bouchers est le même partout.
Il faut juste que ce soit un vrai boucher qui débite lui-même les bêtes qu'on lui livre entières.
C'est sûr que chez ceux qui se font livrer la viande désossée sous vide, côté os, déchets de lodécoupe, et parties non vendues (comme le fameux mou), ça doit être la misère.
Mais c'est vrai qu'on n'y pense pas forcément. Au mieux, quand on est un client fidèle, on demande comme une faveur à "son" boucher un os pour le pot-au-feu ou pour le chien, ou un morceau de mou pour le chat, mais on ne pense pas à aller jeter un oeil à ses poubelles.
Je suis passée pendant 10 ans devant celles qui nourrissent à présent en grande partie ma ménagerie, sans qu'il m'effleure l'esprit de soulever leur couvercle. Et je continuerais certainement si le hasard n'avait pas fait que j'aie un jour quelque chose à jeter alors que je passais devant.

Ours, les rapaces, sangliers,fourmis et la faune sauvage locale en general profitent également de cette manne, puisque je jette dans les champs les "déchets des déchets" qui représentent plusieurs kilos par semaine, ainsi que les os usagés quand les filles ont bien tiré dessus pendant 2 ou 3 jours
Tout le monde y trouve donc son compte.

Du coup, maintenant, je me demande ce que devient le contenu de ces poubelles. Ce sont des poubelles vertes pour les ordures ménagères et j'imagine que c'est incinéré...

[Cat69]

Je ne pense pas que toutes les poubelles des bouchers soient comme ça, et ça m'étonnerait beaucoup qu'ils soient autorisés à jeter ça aux ordures ménagères...des que l'on atteint une certaine quantité et pour des raisons sanitaires l'évacuation des déchets carnés doit impérativement passer par un equarisseur, et cela a un coût d'ailleurs... Par exemple même les toisons de moutons quand on les t'ont, et qui de nos jours n'intéressent plus personne comme laine, ne peuvent légalement pas être éliminées autrement, au grand dam des éleveurs.par exemple i
Je vais tout de même essayer, même si le boucher le plus proche est à 20km!

[Anne]

Ah, tu as l'air très au courant.
Et tu as certainement raison.
Ce qui m'a étonnée au début, et m'a décidée à me servir, c'est que le contenu est très propre, il 'n'y a que de la viande et des os. Pas de papiers, cartons, mégots ni déchets d'aucune autre sorte, le contenu est manifestement trié, donc il doit effectivement y avoir un ramassage spécial par un équarrisseur. Et je ne sais pas ce qu'il en fait...

20 kilomètres, c'est pas la porte à côté, il te faudrait arriver à savoir quel jour passe l'équarrisseur pour pouvoir viser juste et arriver avant lui.

Pour le contenu, je pense que ça doit être le même partout, parce que les carcasses sont les mêmes partout, et les morceaux invendables aussi, mais pas forcément dans les mêmes quantités. La boucherie en question est assez importante, c'est la seule, au coeur d'une cité bien peuplée. Je ne suis pas cliente et n'y entre que de temps en temps pour donner des oeufs au patron, mais ils sont toujours au moins 3 ou 4, là-dedans, à servir les clients, gros débit donc.
Ça vaut peut-être le coup, pour toi, à y être, de faire quelques kilomètres de plus pour pouvoir viser un établissement où il y aura la quantité, mais à un moment ou à un autre, elle y sera forcément.

Moi qui suis très méfiante envers la nourriture industrielle, que ce soit pour moi ou pour mes mascottes, j'ai toujours privilégié les pâtées maison, me rabattant sur les boîtes ou croquettes uniquement en dépannage, et même en visant systématiquement les viandes les moins chères et en traquant les promos, nourrir mes ventres sur pattes représentait son budget.
Sans compter que je ne trouvais quasiment jamais de mou, ni de rate dont raffole ma Ninon. Les abats n'ont plus la cote, les rayons dédiés sont quasi inexistants, donc tout va direct dans les poubelles. Maintenant, les filles et les poulettes se font des orgies de tout ça sans que j'aie à débourser un cent. Et elles font même des découvertes. La semaine dernière, j'ai récupéré au moins 3 kilos de rognons blancs. En plus, ça me semble une bonne chose qu'une bestiole qu'on a fait naître, élevée et zigouillée pour la bouffer, soit exploitée à fond. L'idée qu'on en gaspille une partie m'est insupportable. Là au moins, ça profite aux filles, et ça fait leur bonheur.

Le seul bémol, c'est que c'est encore du taf. Faut pas se leurrer, les rôtis prêts à passer au four, les coeurs, foies ou rognons de boeuf entiers et les chapelets de merguez, c'est pas tous les mardis... La norme, c'est davantage un peu de viande dans beaucoup de gras, les lobes pulmonaires encore attachés à leur trachée etc, et faut s'y coller.
Dégraisser, couper en morceaux, diviser en portions, emballer, congeler, j'y passe un bon moment chaque mardi. Mais quand je vois le plaisir avec lequel la ménagerie s'attaque à ses gamelles grand luxe et son poil brillant, je me dis que ça vaut le coup.

[Cat69]

C'est l'autre aspect un peu difficile à surmonter pour moi, la crainte que ces restes soient mélangés avec des ordures !
C'est pour ça que décidément ta poubelle est un trésor lol.
Tu dis que tu donnes des œufs au patron, est-ce que il est au courant que tu récupères les choses ? En toute logique cela devrait les arranger en tout cas pour ce qui part à l'equarissage , vu que c'est payant et au poids. Mais souvent ils sont très réticents à toute récupération apparemment de peur que les gens s'intoxiquent et se retournent contre eux. À une époque je récupérerai dans la benne de grand frais des fruits et des légumes pour les poules et les lapins, c'était vraiment génial, sauf que c'était surveillé et totalement interdit ce que je trouve débile bien sûr.
Je suis complètement d'accord avec toi pour ce qui est de ne pas perdre ce qu'à donné la mort d'un animal, c'est une question de respect pour moi de l'utiliser alors en entier.

Je pense que l'idéal serait d'être en cheville avec un abattoir car il jette la grande majorité des abats en particulier le mou , les coeurs, etc.. je ne reviens pas que ça ne sert pas au moins à faire des croquettes pour les animaux !
Ou la source de protéines plutôt que du soja pour lequel on rase la forêt amazonienne dans les aliments pour poules pondeuses ! Car on jette des quantités effrrantes de protéines animales que l'on ne veut pas consommer , et on importe des quantités non moins folles de soja de l'autre bout du monde pour nourrir les animaux. Je ne comprends pas.
Faute de mieux mes animaux sont beaucoup nourris aux croquettes enfin les carnivores, du coup je prends des versions qui semblent offrir certaines garanties mais affreusement cher c'est un budget d'environ 300 € par mois . Je récupère à chaque fois que je peux de la viande en particulier dans la ferme bio où j'en achète un peu de temps en temps. Mais comme toi je passe beaucoup de temps pour récupérer un peu de viande sur beaucoup de gras ! Quand je vais là-bas j'en ai pour la journée derrière...
C'est l'abattoir qui garde le 5e quartier, c'est-à-dire les abats, donc pas de mou ou autre, plus facile. Souvent j'achète du foie de boeuf à 4 euros/kg, ou des têtes de cochon à 1euros le kg car personne n'en veut et mine de rien c'est plein de viande!

[Chrysopale]

Sans vouloir absolument te contredire, lorsque je vais au marché de l'abattoir, le mou, les coeurs, etc... sont vendus également.

Il y a un tripier attitré, et même si ces morceaux sont peu chers (j'ai déjà acheté une tête entière de porc pour 1,5€/kg), il semble qu'il y a une volonté de valoriser au maximum tous les morceaux (et ça semble recherché par d'autres acheteurs).
C'est quelque chose qui me plaît, car pareil, je préfère que la mort d'un animal ne donne pas lieu à du gaspillage.

Mais le mieux, c'est si j'arrive à aller à l'ancien travail de beau-papa (il était découpeur, et l'atelier où il travaillait est décentré). Pas de vente ouverte au public, mais j'ai toujours une facture malgré tout, et vente au prix de gros.
Mais impossible d'y aller sans beau-papa.

[Anne]

C'est clair, connaître la bonne personne est la clé de beaucoup de facilités, et dans tous les domaines.
Les abattoirs, j'ai toujours pensé que c'était l'endroit idéal pour s'approvisionner mais même en prenant sur moi, c'est le genre d'endroit où je suis incapable d'aller. Je m'en veux, car de la viande, j'en mange, et je sais bien que celle que j'achète sort de là, mais on ne se refait pas.
Un jour, je me suis botté le popotin et j'ai décidé d'aller me renseigner. Une fois garée, j'avais les jambes en coton, je ne suis même pas sortie de la voiture, j'ai vite fait demi-tour et détalé la queue entre les jambes.
Je suppose que chaque abattoir fonctionne à sa façon pour ce qui est de la récup, et qu'il faut voir
directement avec eux.

Pour en revenir au boucher qui fait le bonheur de ma ménagerie, oui bien entendu, il est au courant de mes razzias hebdomadaires, et j'ai sa bénédiction. Je ne suis même pas cliente chez lui, mais je lui apporte de temps en temps des oeufs ou des confitures maison. Il est très gentil, me demande toujours si j'ai besoin de sacs ou de cartons pour mon butin. Le charisme de Zouzou y est peut-être pour quelque chose. Un jour, il l'a vue, a aussitôt envoyé une photo à sa femme qui avait eu des sloughis dans son enfance au Maroc. La femme a débarqué aussi sec pour la voir, puis a appelé son frère qui a voulu la voir aussi, toute la famille s'est fait tirer le portrait avec la chienne pour envoyer des photos à la famille restée au pays, etc...

Côté dépiautage, je m'en tire bien. Vu la quantité, je peux me permettre de choisir les morceaux les plus intéressants, qui ne me demanderont pas trop de travail, mais c'est quand même une grosse heure chaque mardi.

Et l'effet collatéral, c'est que tout ça permet aussi d'entretenir un réseau : je fournis en mou pour ses chats ma voisine qui bosse chez un primeur et n'en est que plus motivée à me ramener de pleins cageots de fruits et légumes pour les poulettes, je ne vais jamais chez ma véto sans de pleins sacs d'os format dinosaure à la mesure des mâchoires de ses immenses deerhounds, et qui doit me faire une fleur car je suis toujours étonnée par la modicité de ses honoraires.

Attention trafic d'os au mas !

[Cat69]

Ça c'est la vie intelligente... J'adore le troc, en fait ce n'est même pas du troc, c'est quelqu'un a besoin de quelque chose j'en ai plus que j'en ai besoin je lui en donne, si on fait tous comme ça ( et j'ai l'impression que beaucoup de gens du forum font comme ça !) La vie est plus belle et plus facile, avec des moments comme ceux que tu racontes et l'enthousiasme du boucher pour tes chiens, c'est chouette!
Plus qu'à trouver un boucher i sympa ici...
Chrysopale contredis moi je t'en prie , c'est ce qui fait avancer le smilblick, je disais ça suite à un intéressant documentaire sur les abats que j'ai vu récemment, et tous les pros disaient que ça se vendaient très mal maintenant, souvent parce que les gens ne savent pas comment les préparer, et il y avait un long passage dans un abattoir où le monsieur expliquait qu'il arrivait à vendre à peu près les langues, les ris, les abats de veau je suppose, mais que la moitié ne trouvait pas preneur dans le court temps impartis et devait partir à l'equarissage ( la quasi totalité du mou, rognons blancs, la moitié du fois et des rognons...).
Accessoirement je ne résiste pas à vous raconter un truc étrange, j'ai une amie qui tenait un centre équestre, bien évidemment elle adore les chevaux, ils faisaient naître un poulain de temps en temps, et quand c'était un mâle au moment de la castration elle demandait au véto de lui garder les testicules qu'elle mangeait. À part ça je vous assure que c'est une femme tout à fait normale, mais ça m'a sciée. Pour moi ce serait exactement pareil que manger la jambe d'un ami qui aurait eu un accident et aurait dû être amputé. C'est peut-être idiot c'est en tout cas psychologique mais je pense que pas grand monde pourrait faire ça à moi de s'être écrasé en avion dans la cordillère des Andes et de mourir de faim !

[Anne]

Tu prêches à une adepte convaincue, non seulement le troc, mais plus généralement les échanges de bons procédés, l'horreur du gaspillage et une certaine vision de la vie.

Il me semble que c'est plus répandu à la campagne (la vraie, hein, pas dans les extensions urbaines dites zones pavillonnaires). Peut-être parce qu'étant moins entassés, les gens ont davantage conscience du besoin de solidarité sans être freinés par les exasperantes nuisances de la promiscuité. La vie citadine rend les gens dingues, égoïstes et misanthropes.
Quand je me suis rapatriée et réinstallée à Nîmes, je suis allée à une paire de réunions du SEL, dont je trouve le principe très intéressant. Ce n'était que discussions oiseuses, essentiellement politiques et idéologiques, des "yaka", des "faudrait que", des soixante-huitards attardés, ça ne débouchait jamais sur rien de concret, bref un environnement où je comprends tout à fait qu'on puisse se sentir bien et s'épanouir, mais moi, c'est pas mon truc.
Comme bien souvent, je trouve l'initiative et le petit réseau personnels beaucoup plus efficaces et satisfaisants, ça correspond mieux à mon tempérament. Pour proposer de m'occuper d'une ménagerie pendant les vacances de son propriétaire ou solliciter le prêt d'une tronçonneuse pour dégager mon abricotier mort, j'ai ni besoin ni envie de devoir en passer par 3 heures de considérations oiseuses sur les revendications des gilets jaunes, dans la fumée des pétards (je caricature un peu, mais à peine).

Après, il y a sans doute d'autres bourses d' échanges mieux organisées et / ou plus efficaces, mais je ne les connais pas.

Avec les difficultés économiques qui ne vont pas manquer de nous tomber dessus, c'est un genre d'initiative qui devrait se multiplier.

Pour ce qui est des dégustations gastronomiques de ta copine, j'avoue que ça m'en bouche un coin.
Ma raison dit oui, mais mon coeur et mon estomac disent non.