hybrides de greffe

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greenvelvet94
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hybrides de greffe

Message par greenvelvet94 »

En discutant hybridation avec Alain dans son sujet "hybridation non fortuite en Ligurie...." nous en sommes venus à parler de possibles modifications épigénétiques du greffon par le porte greffe (par le biais de petits ARN très mobiles) et de la possible héritabilité de ces modifications dans les générations suivantes (notamment via des méthylations/demethylations de l'ADN qui respectivement, inhibent ou favorisent l'expression des gènes).
Cela est discuté sur le forum greffer.net sous la notion "d'hybrides de greffe" (voir ci-dessous) et même si le sujet est assez technique et le débat houleux, il pose la question intéressante de modifications transmissibles du phénotype du greffon via le porte greffe.
https://www.greffer.net/discussion/viewtopic.php?t=6056
Pour celles et ceux qui récoltent les graines sur des pieds greffés, on est en plein dans le sujet! Avez vous déjà fait des comparaison pour une même variété entre pieds issus de graines prélevées sur des plants greffés versus pieds issus de pieds non greffés ? Peut on imaginer que certaines dérives de phénotype soient liées à cette possibe influence du porte greffe sur le greffon (qui deviendrait transmissible) ?
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Alain60
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Re: hybrides de greffe

Message par Alain60 »

Salut Greenvelvet,
tandis que les copains étaient à Haverskerque, j'ai regardè et lu le sujet sur le forum de greffer.net.
Il semble qu'il y ait encore débat sur le caractere transmissible des modifications que peuvent entrainer la migration de petits morceaux d'ARN à travers le point de greffe.
J'ai fait un peu de recherches sur le sujet, mais pour l'instant on retombe toujours sur l'article Chinois de 2013 ou sur des articles qui le citent.

J'ai ainsi découvert l’existence de chimères (pour les plantes) quelque chose qui est bien différent d'une hybridation ou d'une mutation et qui pourrait être pris à tort pour de l'épigénétique.

Je cite un extrait de l’échange pour que nos comprenions mieux : Pour l'instant on sait que les gènes se transfèrent par fécondation (disons que c'est le mode standard), fusion cellulaire, transformation génétique (les OGM), mutation spontanée ou provoquée.
Les chimères ne sont pas un transfert de gènes à proprement parler, mais un mélange de cellules des deux organismes plus ou moins régulier, donc non transmissible par les graines (l'ovule et le pollen ne peuvent avoir qu'un des deux patrimoines) ... Une chimère entre une variété A et une variété B a des cellules de la variété A et des cellules de la variété B indépendantes côte à côte dans ses tissus. Les patrimoines génétiques ne se mélangent pas. Les 2 ADN sont indépendants. Donc l'ovule ne peut pas venir d'un ADN hybride et vient ou de A ou de B. Les descendants ne peuvent pas transmettre l'aspect chimère.


En parlant de l'épigénétique : L'épigénétique ne modifie pas le patrimoine génétique, les molécules qui se fixent sur la périphérie de la chaîne d'ADN contribuent à activer ou inhiber des gènes déjà présents dans l'ADN. Ça peut être transmis à la descendance.
:arrow: Selon l'environnement, des modifications périphériques de la molécule d'ADN peuvent se produire. La structure de l'ADN, formée des 4 bases n'est pas modifiée. À l'extérieur de la molécule d'ADN, il y a des "méthylations" qui permettent de fixer des molécules extérieures. Ces nouvelles molécules contribuent à activer des gènes préexistants dans l'ADN mais qui ne s'exprimaient pas, il n'y a donc pas de modification de l'ADN proprement dit. Ces molécules étant fixées sur l'ADN, elles peuvent être transmises aux gamètes lors de méioses et de là à la descendance. Mais elles ne sont pas stables comme les gènes et peuvent disparaître comme elles arrivent.

De ce que j'ai compris : Le point de greffe laisse passer, grâce au transfert de phloème, l'eau et les nutriments dont se sert le greffon. Apparemment, il pourrait aussi promouvoir le passage de petits bouts d'ARN non codant, qui pourraient (conditionnel) modifier de manière transitoire la façon dont l'ADN s'exprime. (Par exemple j'ai retenu un exemple de modification de la forme des feuilles). Par contre ces modifications (non gravé dans l'ADN mais attachés en périphérie) ne seraient pas forcement transmises et pouvaient se perdre. D'où la notion de pas vraiment transmissibles.

A ne pas confondre donc avec les chimères (déjà citées depuis très longtemps) qui résultent de la juxtaposition de deux ADN bien séparés, celui de cellules du porte greffe et celui du greffon. Ces chimères sont surtout observés sur les arbres fruitiers au niveau de la jonction PG-Greffon (là ou on trouve une imbrication des deux types de cellules).

La question que je me pose est : est ce que les modifications périphériques de l'ADN peuvent entrainer des modifications plus permanentes, autrement dit est ce que certaines des modifications "transitoires" peuvent se transmettre de façon plus stable ?
Pour l'instant cela n'a pas été démontré, mais cela ne veut pas dire que cela est impossible.

:arrow: On retombe sur l’interrogation de Greenvelvet concernant les graines récoltées sur des pieds greffés !!?? :scratch:
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:joker:Cheese 2019 Suivi 2019 Suivi 2020Suivi 2021Suivi 2022Hybridation non fortuite en Ligurie:joker:
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greenvelvet94
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Re: hybrides de greffe

Message par greenvelvet94 »

Ca nous fait travailler le week end et tard le soir ces histoires d'épigénétique..... :)
Pour ce qui concerne la transmissibilité et la stabilité des modifications épigénétiques, c'est par exemple à la base du travail et des résultats de Pascal Poot. J'ai trouvé un article reliant ses travaux à l'évolution des connaissances en génétique/epigénétique que je trouve intéressant. Notamment le point sur l'expression modifiée du génome tant que les conditions extérieures sont identiques (cad pour P poot, le climat bien chaud et sec de Lodève, plus un sol caillouteux...). On peut imaginer qu'en plantant les graines sélectionnées par Pascal poot dans un environnement très favorable, on perdrait rapidement les caractères les rendant résistants par ex. au stress hydrique.
https://germinallejournal.jimdo.com/201 ... viétiques/

On peut imaginer que la greffe peut induire un stress "positif" qui pourrait lui même induire des modifications épigénétiques transmissibles.
C'est vrai qu'il y a peu d'articles récents démontrant formellement ce type de changements héritables induits par le greffage, mais il y en a cependant: j'avais aussi vu ce papier d'une équipe Grecque, qui montre que le changement de la forme de fruit sur un capsicum induite par le greffage est transmissible sur 2 générations.
https://www.sciencedirect.com/science/a ... 3812002798
Egalement cet article dans PloSone, d'une autre équipe chinoise que celle citée dans greffer.net:
http://www.oalib.com/paper/3029116
Mais je viens de trouver cet article de 2016 dans un journal parent de Nature, donc plutot sérieux: je l'ai survolé et même si la greffe en question est différentede nos greffes classiques, il reste que les modifications epigénétiques induites par la greffe sont héritables sur 5 générations (et c'est vrai plus ou moins vite réversibles). Les 5 premières références (qui citent d'ailleurs le papier de l'équipe Grecque) sont intéressantes également.
https://www.nature.com/articles/srep27233
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