Linquat a écrit : ↑24 août 2020, 14:45
Un jour, si tu as le temps, pourras-tu m'initier à ta méthode d'éducation anti-prédateur... j'ai encore quelques soucis avec mon chiot et mes chats... même si je reconnais que cela va un peu mieux... au départ, ce sont les chats qui n'ont pas accepté le chiot
C'est tout simple, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain.
J'ai procédé exactement comme quand j'ai ramené mon premier chaton à une sloughia de 9 ans qui ne m'avait jamais partagée avec aucun autre animal, et qui ignorait tout des chats hormis que c'était passionnant à poursuivre et insupportable à toujours arriver à grimper ou se planquer quelque part juste quand on était sur le point de les choper. Autant dire que c'était pas gagné !
Comme la cohabitation se passe toujours mieux dans la maison que dehors, on a donc commencé dedans. Ben oui, les oisons dans le salon, c'était folklo, mais faut savoir ce qu'on veut.
Jamais je n'oublierai le tête des sloughians quand je suis arrivée à la maison avec sous le bras un carton dont l'odeur et les piaillements qui s'en échappaient les avaient mises en transes. "Oh, elle nous ramène un nouveau jouet qui a l'air super !"
J'ai sorti mes oisonnes que je leur ai présentées en les tenant dans mes mains, et je les ai laissées les sentir en leur faisant toutes les recommandations d'usage "elles font partie de la maison, PAS TOUCHER". Ensuite, j'ai installé les petites en sécurité dans une grande cage d'expo qu'on m'avait prêtée.
La première nuit, les chiennes n'ont pas fermé l'oeil (et moi non plus du coup), elles sont restées scotchées à la cage. Dès qu'elles s'excitaient un peu trop je disais "NOOON, pas toucher", gentiment mais fermement, et dès qu'elles se calmaient, je les félicitais et les récompensais. Plusieurs fois par jour, je leur présentais les oies, toujours en les tenant dans mes mains, en les laissant les renifler à leur aise et en alternant "nooon" et "c'est bien" en fonction de leurs réactions.
Ca a duré plusieurs jours comme ça, et quand j'ai senti qu'elles commençaient à être moins tendues, de mon côté, j'ai commencé à lâcher les oisons dans la maison avec une seule chienne à la fois et en laisse, puis sans laisse.
Ce genre de séance demande énormément d'efforts de concentration et de maitrise de soi à un chien, donc jamais plus de quelques minutes (c'est aussi très dur nerveusement pour le maitre).
Puis peu à peu, toujours en fonction de l'évolution du comportement des chiennes, j'ai allongé les séances, puis ça a été les deux chiennes à la fois, jusqu'à ce que j'obtienne une cohabitation pacifique avec les oies vivant en liberté dans la maison. Ça, ça a été le plus dur, parce qu'une oie, même bébé, c'est une usine à fiente et que je vivais la serpillère à la main.
Tout ça a pris un certain temps, ce qui m'a laissé le loisir d'aménager l'extérieur pour l'étape suivante. J'ai divisé le jardin en deux en posant un grillage, j'ai installé les oies d'un côté (quel soulagement de ne plus les avoir dedans !), et j'ai recommencé exactement le même processus qu'auparavant à l'intérieur, une chienne à la fois en laisse, puis sans laisse etc, toujours en alternant "nooon" et "c'est bien" autant de fois que nécessaire, puis en allongeant progressivement les exercices.
Quand j'ai senti que les chiennes avaient fini par imprimer dans leur schéma mental que les oies faisaient partie de la famille et étaient donc à ce titre intouchables, c'était gagné, j'ai enlevé le grillage de séparation.
Pendant quelques temps, je ne les ai laissées sortir qu'en les accompagnant, et quand j'ai vu qu'elles ne s'y intéressaient plus, j'ai de moins en moins surveillé, jusqu'à finir par les laisser seules ensemble.
Ca n'a pas été rien, mais je tenais absolument à mes volailles qu'il était hors de question de cloîtrer dans un poulailler, alors j'ai tenu bon.
L'avantage, c'est qu'ensuite, j'ai pu adopter les poules, les paons, les canettes, les faisans etc sans que ca déclenche de réaction, les chiennes étaient déjà formatées, la volaille ne leur faisait plus ni chaud ni froid.
L'arrivée d'un nouveau chien dans la famille est toujours délicate, mais c'est quand même beaucoup plus facile quand les volailles sont déjà là. Certes, il faut surveiller, mais c'est assez facile, surtout si on a déjà un chien aîné qui donne l'exemple. Après, je n'ai pas adopté de chien adulte, mais c'est sans doute plus compliqué.
En tout, cela a pris plusieurs mois, mais des sloughis adultes étaient à coup sûr les chiens les moins indiqués pour ce genre d'expérience.
Voilà, je ne peux pas détailler davantage.
C'est tout simple, il faut juste de la patience, une bonne osmose avec ses chiens, et un bon ressenti de leurs émotions et leur psychologie car c'est uniquement en fonction de leur évolution qu'on peut, petit à petit passer d'une étape à l'autre. Bref, juste du bon sens, de la patience, de la douceur, et de la fermete. En un mot : de l'amour.