Les Tomos

Tour infernale, paillage, buttage
Début avril, j’ ai repris une jachère qui était autrefois une fraiseraie.
Orientée Sud-Nord, cette parcelle souffre en période de canicule, ce qui a justifié son abandon.
Le confinement, la crise à venir, l’ envie de pommes de terre nouvelles, me firent tenter à nouveau ma chance.
Défrichage paisible, effectué manuellement. J’ ai le temps, aucune contrainte. Les journées sont douces et agréables. Je retire de grosses mottes herbeuses, que je ne cherche pas à décompacter.
Je les mets de côté, racines en l’ air, et je les laisse sécher.
Ma terre est sablonneuse. Pauvre. Très pauvre.
Je ressens à nouveau le besoin d’ expérimenter. Je ne cherche pas à gagner contre la canicule, juste à composer avec elle, surtout sur ce bout de terrain.
Je plante une rangée de pommes de terre primeures, que nous devrions consommer en juin.
La seconde rangée est une variété tardive, c’ est un pari.
Je butte les 2 variétés, et je paille avec de la tonte.
Après séchage, je secoue les mottes dans une brouette pour récupérer le maximum de terre.
Terre et mottes sont stockées séparément.
Les racines persistantes et vigoureuses sont stockées à part, dans ma tour infernale ; c’ est de la récupération, c’ est simple et efficace. Et cela se transforme en compost grossier réutilisable.
Tout ceci n’ est pas esthétique, mais cela m’ économise des gestes et des efforts -transports des déchets à l’ autre bout du terrain.
Le 10 mai, le feuillage est beau, le paillage disparaît et les buttes se sont affaissées.
Les mottes de terres sont mises en priorité côté sud. J’ ai déjà constaté le rôle d’ éponge de ces mottes. Je cherche en permanence à piéger l’ humidité.
Avec la terre récupérée, je butte les pommes de terre tardives.
Entre les rangs, j’ai épandu des déchets de cuisine, et je paille le tout.

C’ était une belle matinée de travail. Juste le chants des oiseaux au lever du jour. Puis le chant des grillons.
J’ ai perturbé tout cela en tondant un peu, juste un peu, histoire de me refaire un stock de tontes.
Le chat est passé quelquefois, me surprenant en courant entre les rangées de feuillage des pommes de terre. Il s’ est créé des sentes dans les hautes graminées.
Je n’ai pas tondu ces graminées. C’est trop beau. Le moindre souffle de vent créait du mouvement, de la vie, de la présence, de la musique.
Et c’ est le domaine du chat. Et des coquelicots.
Je n' ai rien perdu de cette jachère. J' ai organisé mon chantier de sorte de ne pas me fatiguer. Tout a été ré-utilisé.
Je me suis souvent assis un peu plus loin, sous l' ombre d' un pêcher.
J' y ai bu des bols de café, de thé, des verres de menthe à l' eau.
Je me suis demandé si j'arriverai un jour à rendre cette terre fertile.
J' ai réfléchi. Soupesé le pour et le contre. Échafaudé des théories. Envisager le pire, comme le meilleur.
J' ai jardiné.

Oui, c'est cela... jardiner... regarder, voire observer, puis se décider... avec sincérité, qu'importe le résultat pourvu que le coeur y soit...

Tu dis que tu viens ici pour apprendre plein de trucs, mais finalement c'est nous qui apprenons beaucoup de choses à la lectrue de ce qui se passe chez toi !
Bonne continuation, les PDT sont magniques !

Comme Vertolamate,
Je viens apprendre chez toi !
J'aimerais disposer du temps pour observer, m'asseoir, découvrir cet environnement... Je laisse pousser des graminées quand elles ne sont pas trop dans le passage, j'essaie de garder des espaces non fauchés (pas évident quand on est en ville), laisser des tas de bois en désordre pour que la vie puisse y trouver logis et couverts. Mais je manque de temps, je cours, alors je n'ai pas toujours ta délicatesse...

Mon plus beau Noël

C’ était Noël. En tout tout petit comité ; mais nous ne sommes pas une grande famille.
J’avais bien noté les manigances de notre fille, son amusement dans son regard. L ‘interdiction de pénétrer dans sa chambre.
Et ce moment d’ excitation lorsque nous sortons de leur cachette nos cadeaux pour les placer sous notre tout petit sapin.
Je note que je suis gâté : de nombreux cadeaux, certains volumineux.
Je déballe le plus gros paquet, sans deviner ce qu’ il cache.
Une ruche …. UNE RUCHE ! UNE RUCHE !
J’ ai les yeux qui brillent, comme un gosse heureux !
Une ruche…. Une combinaison… De l’ outillage…
Ma Promise a une amie qui est une apicultrice passionnée. De fil en aiguille, de discussion en discussion, l’ idée s ‘est faite de m’ offrir cet incroyable cadeau.
Bon, pour l’essaim, il faut attendre, nous sommes en hiver.
J’ ai attendu.
Longtemps.
En mars, nous nous sommes rendus dans un endroit superbe où se niche un rucher. Nous avons préparer l’ essaim.
Juste la veille du confinement….
J’ ai encore attendu….
Et ce matin, enfin ! J’ ai guetté derrière la fenêtre, sursautant au moindre bruit de moteur.
La ruchette est là, sanglée, lourde,vrombissante.
Hier, j’ ai préparé le terrain, je l’ ai tondu, positionné la ruche, je me suis entraîné avec l’ enfumoir, j’ ai révisé mes cours.
Nous avons transféré les cadres, déjà lourds et remplis de beau couvain pour certains.
C’ était un rêve éveillé, une somme de connaissances, un apprentissage de gestes.
Bien longtemps après, nous avions encore ce vrombissement dans la tête.
J’ étais euphorique, empli d’ énergie, de vitalité.
Et je n’ ai pas pensé à faire des photos.
Alors voici juste la fin du transfert. La ruchette est vide, l’essaim a adopté sa ruche.
En arrivant chez nous, 200 mètres avant notre maison, l’amie de ma Promise a remarqué un essaim sauvage, sur une branche, au bord de la route.
Avec l’ accord du propriétaire du terrain, nous l’ avons récupéré. Encore un apprentissage.

Je suis allé plusieurs fois observer la ruche. Il pleut depuis de nombreuses heures.
Tout est calme. Quelques rares abeilles sortent. Peut-être boivent-elles ? Je ne sais pas.
Je ne sais rien. J’ ai tout à apprendre.
Il pleut. Les nuages bas accrochent les collines.
Je quitte à regret la ruche.
Un peu plus loin se trouve ma table de rempotage. Des pots partout, qui attendent.
Je suis à l’abri sous le chêne.
Du travail m’attends ces prochains jours. Même si je travaille énormément dans d’ autres jardins que le mien ces derniers jours, il va falloir que je me trouve du temps.
Je planifie. Je pense à faire simple et rapide. Je visualise les futurs emplacements.
Je pense que tout cela se fera, ce sera fluide.
Je me promène encore un peu. Je contemple les fleurs, j’imagine que les abeilles les trouveront bien.
Merci de votre passage papillon bleu, vertolamate, dalanar.
Je pense que nous nous n’ avons pas assez d’ une vie pour découvrir nos jardins.
Nous sommes liés à eux éternellement.
Ils emplissent nos vies fugaces de tant de charmes et de douceurs…

Demain matin, avant de partir travailler je guetterai le réveil des abeilles, leur vol de propreté.
Volez vers les accacias en fleurs !
Le midi, en rentrant déjeuner, j’ attendrai le retour des ouvrières, avec, je l’ espère, des boulettes de pollen plein les pattes.
Je suis déjà demain, grâce à ce jardin.

Merci pour ton récit. J'aimerai moi aussi avoir une ruche un jour. Mon chef en a plusieurs,je pense qu'un jour je me lancerai. Même pas sur que je récolte, ce serait surtout pour les heures passées à les voir entrer et sortir. Avec mon fils on carresse le "dos" des abeilles quand elles butinent, rien que ça c'est génial.

Salut Seb !

ça fait des années que j' en rêve ! Ma Promise était plutôt réticente.... Son amie l'a invitée dans son rucher, elle a manipulé des cadres,entretenu les ruches ;
ses à priori se sont envolés !
Une ruche, c' est une grosse responsabilité ! Mais c' est addictif !
Et une ruche, très clairement, ce n' est pas assez...
Je te souhaite vraiment de vivre ça !

C'est pas TofMarielou qui te diront le contraire !

ça c'est un cadeau qui s'est fait mériter !!!

mais oui, les regarder voler, entrer, sortir, c'est passionnant....

(par temps d'orage, faut pas trop les embêter quand même)

Salut Philippe,
c'est reposant de rêver devant la nature !
Un ami a ramené une trentaine de ruches (pleines) et disposé dans un près à quelques km de chez moi bordé de châtaigniers. Il fait du miel depuis quelques années, mais ce que je préfère dans sa production c'est le miellat !