Tuto Kratky
Publié : 03 févr. 2022, 22:05
Bonsoir à tous
Je prépare un tuto sur la méthode Kratky dont j'ai déjà exposé quelques aspects au fil de mes suivis.
Au préalable j'ai pensé récapituler quelques notions de bases, je vous laisse en prendre connaissance avant de diffuser d'ici le week-end ce petit tuto très pragmatique.
Systèmes passifs, systèmes actifs
Dans un système passif, la solution nutritive est stagnante, elle peut être oxygénée avec un bulleur comme dans les DWC (deep water culture : culture en eau profonde).
Dans un système actif, la solution nutritive circule entre les bacs et un réservoir. Ces dispositifs sont plus efficaces dans le cas des cultures longues (légumes-fruits) et incontournables dès que les quantités cultivées augmentent, pour des raisons évidentes de maintenance : on contrôle tout uniquement depuis le réservoir…
Quatre systèmes de base
L’offre de systèmes et de variantes est pléthorique, tant clefs en main que DIY. De mon expérience de quelques années et de mes pérégrinations sur le net, voici les dispositifs simples et néanmoins efficaces que je trouve adaptés aux jardiniers un minimum bricoleurs que nous sommes :
- système passif selon la méthode Kratky (DWC simplifié), incontournable pour le débutant :
- système actif tel que le RDWC « dégradé », en fait l’interconnexion de bacs Kratky ; R pour « recirculating » :
- système actif tel que le NFT, pour Nutrient Film Technique, soit la technique du film nutritif ; c’est une simple gouttière dans laquelle circule un maigre filet de solution nutritive :
- système actif tels que les Dutch Buckets (seaux hollandais), enfilade de pots remplis de billes d’argile ou de perlite irrigués au goutte-à-goutte et drainés dans une évacuation commune vers le réservoir :
(photo prise ailleurs que dans ma serre, faut-il le préciser
)
Comparons ces quatre systèmes…
La méthode Kratky – du nom de son vulgarisateur – est très bon marché et ne nécessite pas d’alimentation électrique. Elle est très performante pour les légumes-feuilles et les herbes dont la culture est courte, je l’utilise également pour les premières semaines (poupo) de mes tomates et de mes poivrons. Pour des cultures plus longues, surveiller et entretenir la solution nutritive l’été devient vite fastidieux, parallèlement à l’augmentation du nombre de bacs à laquelle aucun jardinier ne peut résister. Pendant 2 saisons, j’ai ainsi géré une soixantaine de récipients individuels, galère peut-être pas, contrainte, sûrement…La méthode Kratky est incontournable pour le débutant, c’est un moyen efficace de se faire la main avec un investissement vraiment modéré.
Le « vrai » RDWC est très performant, peut-être parce qu’au départ il était probablement destiné à une herbe à très haute valeur ajoutée, passons… Circulation forcée, bulleur dans chaque bac, la Formule 1 de l’hydroponie ! Mon RDWC à moi, c’est la version « bridée »… Je ne lui demande que de faire doucement circuler l’eau entre les bacs et de me permettre de surveiller le tout depuis le réservoir commun. Et ça marche, j’ai constaté la différence en termes de résultats comme de facilité de maintenance par rapport à mon cheptel de bacs Kratky. Le coût ? Très grossièrement une vingtaine d’euros par bac. La consommation électrique ? Celle d’une pompe de 4W…
Les Dutch Buckets dans l’esprit sont vraiment analogues à « mon » RDWC, en fait interconnecter des bacs et gérer un réservoir commun. Ce système est très répandu chez les pros au Canada, aux USA et en Asie, il y a des implantations équivalentes en ampleur à la culture hors-sol en ligne chez nos « tomatiers » européens. Si le budget des Dutch Buckets, substrat inclus (8 litres/pot), est analogue à celui du RDWC, j’entrevois néanmoins un plus grand risque de défaillance en cas de coupure (prolongée) de courant. Dans le RDWC, les plantes gardent leurs racines dans l’eau…
Et enfin, le NFT ! C’est un système à la base très performant parce que théoriquement, les racines trempent très partiellement dans un filet d’eau et baignent dans une ambiance très oxygénée. Dans la pratique, c’est le système privilégié pour son ergonomie et son efficacité par les pros pour cultiver salades, herbes, choux, etc. Des cultures plutôt courtes, sans besoin de tuteurage. Avec le recul de 2 saisons de fraises, je confirme, ça marche vraiment très bien, même si le filet d’eau peine les mois passant à se frayer un chemin dans les racines qui occupent presque tout le volume disponible. Le coût ? Environ 5 € par plante. L’inconvénient ? En cas de coupure de courant ou de défaillance de la pompe, vous n’avez que quelques (grosses) minutes pour réagir !
L’eau et la solution nutritive
Oui, il faut de l’eau, c’est aussi évident qu’essentiel. J’ai la chance de disposer d’une source à 50m de la maison, avec un dénivelé qui me permet de remplir ma citerne par siphonnage. Je n’ai pas analysé l’eau, mais son électro-conductivité (EC 375) et son pH (5,6) sont idéaux pour l’hydroponie. J’avais un doute sur les conséquences potentielles de son caractère ferrugineux, levé par l’absence de problème a priori des mes cultures.
L’électro-conductivité (EC) mesure la concentration en sels divers – dont les nutriments – et augmente donc quand on incorpore l’engrais. L’absorption des nutriments par les racines relève d’un processus osmotique, l’EC est donc un paramètre important qu’il faut surveiller et maîtriser.
Préférentiellement, il faudrait partir avec de l’eau de pluie (non polluée) ou de l’eau osmosée (eau « pure ») dont l’EC est pratiquement nulle. Pour une concentration globale identique, cela permet à la plante de disposer de plus d’engrais.
Si vous ne pouvez utiliser que l’eau du réseau public, il faut au préalable en vérifier les paramètres sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/sante ... t/eaux/eau. Votre eau présentera généralement une EC supérieure à 500 (700 chez moi) et un pH entre 7 et 7,5. Pour débuter en Kratky avec de la salade, ces valeurs ne poseront pas de problème. Si votre expérience vous incite à poursuivre et à aborder des cultures plus longues, il faudra repenser la question de l’eau (osmoseur, acidification, etc.).
L’engrais : pas d’alternative à l’engrais estampillé « hydroponie »… C’est une question de formulation, l’azote (essentiellement nitrique) de l’engrais hydro est directement assimilable par les plantes, pas l’azote (essentiellement uréique) de l’engrais courant qui doit être transformé par la « vie » dans le sol.
Tout au long de la culture, il faut vérifier et ajuster les paramètres de la solution nutritive : niveau, concentration (EC), acidité/alcalinité (pH). Rien de sorcier, de toute façon, la solution vit et évolue, mais elle doit le faire doucement. Tout changement brutal est un accident (rare) qu’il faut réparer au plus vite. En hiver dans la serre, un suivi hebdo voire bimensuel suffit, en été je me tiens à un intervalle de 48h sinon 72h. En Kratky, surtout en intérieur, on se prend moins la tête, les paramètres sont globalement stables et le contexte plus permissif (culture courte).
Le remplacement de la solution nutritive… Au bout d’un certain temps, à force de compléter la solution avec de l’engrais pour remplacer celui absorbé par les plantes, celle-ci est déséquilibrée. En effet, la formulation globale de l’engrais fait que tous les composants ne sont pas forcément absorbés uniformément et que ceux qui le sont beaucoup moins vont s’accumuler excessivement au fil des compléments. Il faudrait analyser précisément la solution et ne compléter que le nécessaire mais cela, seuls les pros en ont les moyens ! Par précaution, on estime que lorsqu’on a rajouté de l’eau et de l’engrais pour un volume équivalent à celui d’origine, il est temps de vidanger le système. De ce que j’ai constaté cet été, c’est plutôt une valeur double, au delà de laquelle je constate effectivement que les plantes prennent moins d’engrais et que le pH se met à fluctuer. Bon, là encore en Kratky, on se prend moins la tête à ce sujet…
Pas trop indigeste
? A suivre, le B-A-BA de la méthode Kratky… 
Je prépare un tuto sur la méthode Kratky dont j'ai déjà exposé quelques aspects au fil de mes suivis.
Au préalable j'ai pensé récapituler quelques notions de bases, je vous laisse en prendre connaissance avant de diffuser d'ici le week-end ce petit tuto très pragmatique.
Systèmes passifs, systèmes actifs
Dans un système passif, la solution nutritive est stagnante, elle peut être oxygénée avec un bulleur comme dans les DWC (deep water culture : culture en eau profonde).
Dans un système actif, la solution nutritive circule entre les bacs et un réservoir. Ces dispositifs sont plus efficaces dans le cas des cultures longues (légumes-fruits) et incontournables dès que les quantités cultivées augmentent, pour des raisons évidentes de maintenance : on contrôle tout uniquement depuis le réservoir…
Quatre systèmes de base
L’offre de systèmes et de variantes est pléthorique, tant clefs en main que DIY. De mon expérience de quelques années et de mes pérégrinations sur le net, voici les dispositifs simples et néanmoins efficaces que je trouve adaptés aux jardiniers un minimum bricoleurs que nous sommes :
- système passif selon la méthode Kratky (DWC simplifié), incontournable pour le débutant :
- système actif tel que le RDWC « dégradé », en fait l’interconnexion de bacs Kratky ; R pour « recirculating » :
- système actif tel que le NFT, pour Nutrient Film Technique, soit la technique du film nutritif ; c’est une simple gouttière dans laquelle circule un maigre filet de solution nutritive :
- système actif tels que les Dutch Buckets (seaux hollandais), enfilade de pots remplis de billes d’argile ou de perlite irrigués au goutte-à-goutte et drainés dans une évacuation commune vers le réservoir :
(photo prise ailleurs que dans ma serre, faut-il le préciser

Comparons ces quatre systèmes…
La méthode Kratky – du nom de son vulgarisateur – est très bon marché et ne nécessite pas d’alimentation électrique. Elle est très performante pour les légumes-feuilles et les herbes dont la culture est courte, je l’utilise également pour les premières semaines (poupo) de mes tomates et de mes poivrons. Pour des cultures plus longues, surveiller et entretenir la solution nutritive l’été devient vite fastidieux, parallèlement à l’augmentation du nombre de bacs à laquelle aucun jardinier ne peut résister. Pendant 2 saisons, j’ai ainsi géré une soixantaine de récipients individuels, galère peut-être pas, contrainte, sûrement…La méthode Kratky est incontournable pour le débutant, c’est un moyen efficace de se faire la main avec un investissement vraiment modéré.
Le « vrai » RDWC est très performant, peut-être parce qu’au départ il était probablement destiné à une herbe à très haute valeur ajoutée, passons… Circulation forcée, bulleur dans chaque bac, la Formule 1 de l’hydroponie ! Mon RDWC à moi, c’est la version « bridée »… Je ne lui demande que de faire doucement circuler l’eau entre les bacs et de me permettre de surveiller le tout depuis le réservoir commun. Et ça marche, j’ai constaté la différence en termes de résultats comme de facilité de maintenance par rapport à mon cheptel de bacs Kratky. Le coût ? Très grossièrement une vingtaine d’euros par bac. La consommation électrique ? Celle d’une pompe de 4W…
Les Dutch Buckets dans l’esprit sont vraiment analogues à « mon » RDWC, en fait interconnecter des bacs et gérer un réservoir commun. Ce système est très répandu chez les pros au Canada, aux USA et en Asie, il y a des implantations équivalentes en ampleur à la culture hors-sol en ligne chez nos « tomatiers » européens. Si le budget des Dutch Buckets, substrat inclus (8 litres/pot), est analogue à celui du RDWC, j’entrevois néanmoins un plus grand risque de défaillance en cas de coupure (prolongée) de courant. Dans le RDWC, les plantes gardent leurs racines dans l’eau…
Et enfin, le NFT ! C’est un système à la base très performant parce que théoriquement, les racines trempent très partiellement dans un filet d’eau et baignent dans une ambiance très oxygénée. Dans la pratique, c’est le système privilégié pour son ergonomie et son efficacité par les pros pour cultiver salades, herbes, choux, etc. Des cultures plutôt courtes, sans besoin de tuteurage. Avec le recul de 2 saisons de fraises, je confirme, ça marche vraiment très bien, même si le filet d’eau peine les mois passant à se frayer un chemin dans les racines qui occupent presque tout le volume disponible. Le coût ? Environ 5 € par plante. L’inconvénient ? En cas de coupure de courant ou de défaillance de la pompe, vous n’avez que quelques (grosses) minutes pour réagir !
L’eau et la solution nutritive
Oui, il faut de l’eau, c’est aussi évident qu’essentiel. J’ai la chance de disposer d’une source à 50m de la maison, avec un dénivelé qui me permet de remplir ma citerne par siphonnage. Je n’ai pas analysé l’eau, mais son électro-conductivité (EC 375) et son pH (5,6) sont idéaux pour l’hydroponie. J’avais un doute sur les conséquences potentielles de son caractère ferrugineux, levé par l’absence de problème a priori des mes cultures.
L’électro-conductivité (EC) mesure la concentration en sels divers – dont les nutriments – et augmente donc quand on incorpore l’engrais. L’absorption des nutriments par les racines relève d’un processus osmotique, l’EC est donc un paramètre important qu’il faut surveiller et maîtriser.
Préférentiellement, il faudrait partir avec de l’eau de pluie (non polluée) ou de l’eau osmosée (eau « pure ») dont l’EC est pratiquement nulle. Pour une concentration globale identique, cela permet à la plante de disposer de plus d’engrais.
Si vous ne pouvez utiliser que l’eau du réseau public, il faut au préalable en vérifier les paramètres sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/sante ... t/eaux/eau. Votre eau présentera généralement une EC supérieure à 500 (700 chez moi) et un pH entre 7 et 7,5. Pour débuter en Kratky avec de la salade, ces valeurs ne poseront pas de problème. Si votre expérience vous incite à poursuivre et à aborder des cultures plus longues, il faudra repenser la question de l’eau (osmoseur, acidification, etc.).
L’engrais : pas d’alternative à l’engrais estampillé « hydroponie »… C’est une question de formulation, l’azote (essentiellement nitrique) de l’engrais hydro est directement assimilable par les plantes, pas l’azote (essentiellement uréique) de l’engrais courant qui doit être transformé par la « vie » dans le sol.
Tout au long de la culture, il faut vérifier et ajuster les paramètres de la solution nutritive : niveau, concentration (EC), acidité/alcalinité (pH). Rien de sorcier, de toute façon, la solution vit et évolue, mais elle doit le faire doucement. Tout changement brutal est un accident (rare) qu’il faut réparer au plus vite. En hiver dans la serre, un suivi hebdo voire bimensuel suffit, en été je me tiens à un intervalle de 48h sinon 72h. En Kratky, surtout en intérieur, on se prend moins la tête, les paramètres sont globalement stables et le contexte plus permissif (culture courte).
Le remplacement de la solution nutritive… Au bout d’un certain temps, à force de compléter la solution avec de l’engrais pour remplacer celui absorbé par les plantes, celle-ci est déséquilibrée. En effet, la formulation globale de l’engrais fait que tous les composants ne sont pas forcément absorbés uniformément et que ceux qui le sont beaucoup moins vont s’accumuler excessivement au fil des compléments. Il faudrait analyser précisément la solution et ne compléter que le nécessaire mais cela, seuls les pros en ont les moyens ! Par précaution, on estime que lorsqu’on a rajouté de l’eau et de l’engrais pour un volume équivalent à celui d’origine, il est temps de vidanger le système. De ce que j’ai constaté cet été, c’est plutôt une valeur double, au delà de laquelle je constate effectivement que les plantes prennent moins d’engrais et que le pH se met à fluctuer. Bon, là encore en Kratky, on se prend moins la tête à ce sujet…
Pas trop indigeste

