C’est la saison des ramboutans, j’en mange tous les jours. J’ai trois arbres.
Très peu connu en métropole et originaire d’Asie du Sud Est, c’est un proche cousin du letchi mais contrairement à ce dernier il est ultratropical. C’est pour ça qu’il pousse bien et fructifie en Guyane. A l’inverse, le letchi, qui est plus subtropical, se développera ici et donnera un arbre bien vert mais pour les fruits que dalle. On ne le cultive donc pas !
Les fruits sont à peu près sphériques et de grosseur variable selon les arbres de semis. Ils sont rouges à maturité et hérissés de poils souples très caractéristiques d’où le surnom de « letchi chevelu ».
Les fruits ont une chair blanche, molle ou plus ou moins croquante, juteuse et acidulée selon les arbres. Ils sont légèrement sucrés. En fait ça dépend de la météo. Cette année, avec février et mars très déficitaires en pluie mais bien plus ensoleillés et chauds que d’habitude, les fruits sont bien sucrés. Le goût est léger, de raisin dit-on. Il existe des fruits jaunes, rarement vus, et peut-être un peu plus doux. C’est d’une consommation très agréable et quand on en a sous le nez, en général on n’arrête pas de taper dedans ! Un défaut quand même et même deux :
- certains arbres sont tellement productifs qu’aux pluies de février et mars, quand l’eau fait gonfler les fruits en cours de grossissement, et donc les rend plus lourds, les violentes rafales de pluies font casser les branches ! Mon plus vieux des deux arbres femelles est dans ce cas, très gros producteur et ça lui est arrivé 3 fois. L’an dernier il a perdu quasiment toutes ses charpentières. Heureusement ça repousse très bien et très vite. Mais là, faut pas que je joue au con, le seul moyen d’éviter ça c’est de bien tailler. J’attends la fin de récolte des 2 branches qui ont subsisté et il faudra tailler sévèrement. Les vigoureuses repousses de cette année produiront en 2025 et je les taillerai après la récolte, car elles sont « épicormiques » comme on dit, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas de fondement dans le tronc contrairement aux branches issues de la ramification du jeune arbre. Elles peuvent donc casser facilement au niveau du tronc en prenant de l’âge. A moi de gérer ça.
- l’autre défaut c’est à la consommation, certains fruits ont la chair adhérente à l’amande et d’autres non, ça dépend des arbres (je parle toujours d’arbres de semis). Quand la chair adhère, on racle avec les dents pour récupérer la pulpe et parfois le tégument est arraché et donne une sensation râpeuse pas très agréable sur la langue. Mais c’est très variable, y compris pour un même arbre d’une année sur l’autre.
C’est dioïque mais dioïque complexe. Les arbres mâles n’ont vraiment que des fleurs mâles dans leurs panicules. Par contre, les arbres femelles ont des panicules constituées de fleurs femelles avec quelques mâles par ci par là. Si bien qu’on peut avoir des fruits avec seulement un arbre femelle. Mais si on a un mâle (impossible à savoir avant la floraison, sauf si on a greffé quelque chose de connu évidemment) c’est bien de le laisser car ses fleurs sont très visitées par de petites mélipones pollinisatrices qui vont ensuite aux fleurs des arbres femelles ce qui augmenterait la nouaison de ces derniers.
Mon arbre mâle hors floraison et en fleur.
Mon plus vieil arbre en 2015, le tronc s’est bien épaissi depuis 9 ans.
C’est lui qui est hyper productif, le voilà en mars 2019, il a perdu des charpentières un peu avant la photo mais on voit que ça repousse déjà. Une branche qui n’a pas cassé et qui est bien chargée.
Des fruits
L’autre arbre femelle, moins productif et plus jeune. C’était en 2023.
Ses fruits toujours en 2023. La photo avec ma petite Louky (qui aime les ramboutans) me rappelle de bien mauvais souvenirs. Elle avait 5 mois et a été mordue exactement une semaine après, le 24 février, à la joue droite par un grage, notre vipère. Très venimeuse. Le venin n’est pas passé en interne, sinon elle serait morte depuis longtemps mais il est très nécrosant. ses enzymes protéolytiques ont liquéfié la peau et les muscles pour laisser place à une grosse cavité, on voyait un segment de la trachée artère et de l’os. C’était atroce ! Mais finalement ça s’est peu à peu régénéré. Aujourd’hui elle a un an et demi et elle est bien vivace, mais il y a quand même 2 séquelles cutanées.
Pour revenir aux fruits, j’aime bien ceux de cet arbre car ils sont assez gros, bien charnus avec une chair juteuse et un peu sucrée.
Cette année l’arbre précédent a peu produit alors que le très productif a perdu la majorité de ses charpentières l’an dernier, les quelques branches restantes sont chargées mais les fruits sont assez inhabituels. Conséquence sans doute des pertes de branches et de ces 11 mois consécutifs de déficit hydrique avec une saison sèche terrible au milieu. De toute façon rien n'est normal cette année.