Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Publié : 18 mai 2024, 15:23
Aujourd'hui, comme pour pas mal d'entre vous je pense, je regarde la pluie tomber derrière la fenêtre, les sorties au jardin sont soumises aux volontés des averses.
Alors, même si je pense que personne ne s'en rappelle, je me suis souvenu que l'année dernière je vous avais dis que je ferais un petit reportage sur mes sorties à la pêche au carrelet sur l'estuaire, et que je ne l'avais pas fait.
Les circonstances de la vie ont fait que je n'y suis pas allé la saison passée, mais j'ai retrouvé un "reportage photo" que j'avais fais sur le forum de pêche en mer dont j'étais coadministrateur il y a quelques années.
Je vous le livre tel quel, même si quand je l'ai écrit, j'étais d'humeur poète sans en avoir le talent, et qu'en le relisant je suis plus que mitigé sur le style... Mais j'ai toujours pensé que c'est important d'assumer ses disgressions...
Voila donc une séance de pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde :
Il est des moments de vie dont on ne sait dans quelle rubrique d’un forum les placer…
La pêche au carrelet dans l’estuaire de la gironde, c’est une technique halieutique, c’est vrai, mais est-ce là le principal ?
La pêche n’a en fait qu’un rôle secondaire, n'est qu'un alibi pour échapper aux contraintes de la vie, une excuse pour tout oublier, un prétexte pour fuir les difficultés …
Passer un moment dans ces cabanes, c’est s’offrir une parenthèse de poésie dans une vie qui en manque tant, tout en se sentant le gardien d’une tradition qu’il nous est offert de continuer à faire vivre.
En approchant ce lieu hors du temps, quelques vers de l’immense Beaudelaire , appris bien trop négligemment à l’école, resurgissent de mon esprit :
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
C’est après avoir déjoué des chemins encombrés que l’on peut apercevoir se fondant dans le paysage cette cabane appelée carrelet, du nom du filet autrefois carré. Elle est construite de bric et de broc, conformément à la tradition, la récupération est ici la règle, pourtant elle est d’une solidité à toute épreuve.
On est pour les non initiés loin du luxe que l’on peut imaginer dans les vers de Beaudelaire, pourtant il est bel et bien là… Quoi de plus luxueux au fond que l’absence de superflu, loin de toute idée ostentatoire. Ici, on ne cherche pas à paraitre, on cherche à être. N’est ce pas ça, en fait, le vrai luxe dans cette société basée tellement sur le matériel ?
Sitôt franchi la passerelle, alors l’ordre, la beauté, le calme et la volupté chers au poète ne deviennent qu’une évidence. Le calme se fait même silence. On oublie trop souvent d’écouter le silence, il ne fait pas de bruit, mais quand on lui prête attention, il sait se faire entendre et se rendre indispensable à qui veut bien l’accueillir.
Quittons tout de même nos rêveries et revenons sur terre un instant pour parler pêche.
Le but premier ici est de pêcher avec ce filet appelé carrelet, qui a donné maintenant son nom à l’ensemble de la cabane. Il n’est plus carré mais rond, et le but, après l’avoir descendu au fond, est de le relever régulièrement, au hasard, en espérant qu’un poisson se trouvera au dessus. Il se manœuvre grâce à un treuil équipé d’un savant assemblage de poulies et d’un contrepoids.
Il va sans dire que cette technique, si elle a été très relativement productive il y a plusieurs dizaines d’année, n’apporte aujourd’hui plus grand-chose en termes de prises.
Les anguilles se sont raréfiés, tellement qu’elles sont soumises maintenant à un carnet de pêche, les aloses ou saumons sont maintenant interdits de prélèvement, ne reste que quelques mules pour ma part immangeables tellement ils ont goût de vase, voire quelques silures aussitôt relâchés…
Pourtant, pour une raison que seul un pêcheur traditionnel peut comprendre, ce filet est descendu et remonté régulièrement, la tradition perdure et perdurera.
Mais de plus en plus, l’intérêt culinaire de ces carrelets se trouve ailleurs, et se nomme « Palaemon longirostris », plus connue sous le nom de crevette blanche.
J’avoue, mon amie et moi, on en raffole, c’est pour nous à l’apéro un vrai délice.
Elles se pêchent à l’aide de balances, appelés balustrés, appâtées avec un peu ce que l’on veut, pour nous c’est des croquettes pour chiens, aussi efficaces et surtout moins odorantes que des tètes de poissons ou des entrailles de poulets…
Mais la vie sur un carrelet n’est pas de tout repos, car il est des traditions ancestrales dont on ne peut déroger, en mémoire des anciens, même pour relever une balance. La plus sacrée de ces traditions se nomme apéro :
Toute bonne chose ayant une fin, le soleil se couchant il est temps de rentrer, non sans un dernier regard au petit paradis, pour qui sait l’apprécier.
Alors que nous nous éloignons, les vers de Beaudelaire reviennent en tête
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
A ce moment de la journée, où le soleil se marie avec la lune, il aurait même ajouté :
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière
Avant de s’endormir avec le monde, c’est rapidement que le produit de la pêche sera cuisiné, cinq minutes dans un court bouillon relevé de sel et surtout d’anis étoilé et de fenouil, et c’est prêt :
Il ne reste plus qu’à déguster, avec ce que vous voulez, pour mon amie ce sera du vin rosé, pour ma part j’opterai pour un vin blanc sec
Ainsi se termine une journée de pêche au carrelet en médoc, avant que le rêve ne laisse place à la réalité de la vie.
Mais un moment de rêve est un moment gagné sur la morosité ambiante, un moment sacré...
Alors, même si je pense que personne ne s'en rappelle, je me suis souvenu que l'année dernière je vous avais dis que je ferais un petit reportage sur mes sorties à la pêche au carrelet sur l'estuaire, et que je ne l'avais pas fait.
Les circonstances de la vie ont fait que je n'y suis pas allé la saison passée, mais j'ai retrouvé un "reportage photo" que j'avais fais sur le forum de pêche en mer dont j'étais coadministrateur il y a quelques années.
Je vous le livre tel quel, même si quand je l'ai écrit, j'étais d'humeur poète sans en avoir le talent, et qu'en le relisant je suis plus que mitigé sur le style... Mais j'ai toujours pensé que c'est important d'assumer ses disgressions...
Voila donc une séance de pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde :
Il est des moments de vie dont on ne sait dans quelle rubrique d’un forum les placer…
La pêche au carrelet dans l’estuaire de la gironde, c’est une technique halieutique, c’est vrai, mais est-ce là le principal ?
La pêche n’a en fait qu’un rôle secondaire, n'est qu'un alibi pour échapper aux contraintes de la vie, une excuse pour tout oublier, un prétexte pour fuir les difficultés …
Passer un moment dans ces cabanes, c’est s’offrir une parenthèse de poésie dans une vie qui en manque tant, tout en se sentant le gardien d’une tradition qu’il nous est offert de continuer à faire vivre.
En approchant ce lieu hors du temps, quelques vers de l’immense Beaudelaire , appris bien trop négligemment à l’école, resurgissent de mon esprit :
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
C’est après avoir déjoué des chemins encombrés que l’on peut apercevoir se fondant dans le paysage cette cabane appelée carrelet, du nom du filet autrefois carré. Elle est construite de bric et de broc, conformément à la tradition, la récupération est ici la règle, pourtant elle est d’une solidité à toute épreuve.
On est pour les non initiés loin du luxe que l’on peut imaginer dans les vers de Beaudelaire, pourtant il est bel et bien là… Quoi de plus luxueux au fond que l’absence de superflu, loin de toute idée ostentatoire. Ici, on ne cherche pas à paraitre, on cherche à être. N’est ce pas ça, en fait, le vrai luxe dans cette société basée tellement sur le matériel ?
Sitôt franchi la passerelle, alors l’ordre, la beauté, le calme et la volupté chers au poète ne deviennent qu’une évidence. Le calme se fait même silence. On oublie trop souvent d’écouter le silence, il ne fait pas de bruit, mais quand on lui prête attention, il sait se faire entendre et se rendre indispensable à qui veut bien l’accueillir.
Quittons tout de même nos rêveries et revenons sur terre un instant pour parler pêche.
Le but premier ici est de pêcher avec ce filet appelé carrelet, qui a donné maintenant son nom à l’ensemble de la cabane. Il n’est plus carré mais rond, et le but, après l’avoir descendu au fond, est de le relever régulièrement, au hasard, en espérant qu’un poisson se trouvera au dessus. Il se manœuvre grâce à un treuil équipé d’un savant assemblage de poulies et d’un contrepoids.
Il va sans dire que cette technique, si elle a été très relativement productive il y a plusieurs dizaines d’année, n’apporte aujourd’hui plus grand-chose en termes de prises.
Les anguilles se sont raréfiés, tellement qu’elles sont soumises maintenant à un carnet de pêche, les aloses ou saumons sont maintenant interdits de prélèvement, ne reste que quelques mules pour ma part immangeables tellement ils ont goût de vase, voire quelques silures aussitôt relâchés…
Pourtant, pour une raison que seul un pêcheur traditionnel peut comprendre, ce filet est descendu et remonté régulièrement, la tradition perdure et perdurera.
Mais de plus en plus, l’intérêt culinaire de ces carrelets se trouve ailleurs, et se nomme « Palaemon longirostris », plus connue sous le nom de crevette blanche.
J’avoue, mon amie et moi, on en raffole, c’est pour nous à l’apéro un vrai délice.
Elles se pêchent à l’aide de balances, appelés balustrés, appâtées avec un peu ce que l’on veut, pour nous c’est des croquettes pour chiens, aussi efficaces et surtout moins odorantes que des tètes de poissons ou des entrailles de poulets…
Mais la vie sur un carrelet n’est pas de tout repos, car il est des traditions ancestrales dont on ne peut déroger, en mémoire des anciens, même pour relever une balance. La plus sacrée de ces traditions se nomme apéro :
Toute bonne chose ayant une fin, le soleil se couchant il est temps de rentrer, non sans un dernier regard au petit paradis, pour qui sait l’apprécier.
Alors que nous nous éloignons, les vers de Beaudelaire reviennent en tête
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
A ce moment de la journée, où le soleil se marie avec la lune, il aurait même ajouté :
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière
Avant de s’endormir avec le monde, c’est rapidement que le produit de la pêche sera cuisiné, cinq minutes dans un court bouillon relevé de sel et surtout d’anis étoilé et de fenouil, et c’est prêt :
Il ne reste plus qu’à déguster, avec ce que vous voulez, pour mon amie ce sera du vin rosé, pour ma part j’opterai pour un vin blanc sec
Ainsi se termine une journée de pêche au carrelet en médoc, avant que le rêve ne laisse place à la réalité de la vie.
Mais un moment de rêve est un moment gagné sur la morosité ambiante, un moment sacré...