https://www2.assemblee-nationale.fr/con ... sectes.pdfRésumé :
Le déclin des insectes est un phénomène complexe, difficile à évaluer, mais qui fait néanmoins l’objet d’un consensus scientifique. Actuellement, 41% des espèces seraient concernées et 31% seraient menacées d’extinction dans le monde, avec une perte de l’ordre de 1% des espèces par an.
Les causes de ce déclin sont liées à la perte d’habitats, à la dégradation de la qualité des milieux (polllutions), au réchauffement climatique et à l’invasion d’espèces exotiques. L’agriculture apparaît comme l’un des moteurs principaux du déclin des insectes, notamment à cause de l’usage excessif de pesticides.
Le déclin des insectes conduit à un appauvrissement majeur de la biodiversité. Les insectes rendent des services écosystémiques fondamentaux tels que la pollinisation, le recyclage de la matière organique, le contrôle biologique des ravageurs ou l’alimentation de nombreux vertébrés. Leur conservation doit donc être une priorité politique sous peine de conséquences dramatiques pour les écosystèmes et l’humanité.
Pour une fois qu'un rapport parlementaire n'est pas composé de centaines ou milliers de pages imbuvables, et qu'il contient de vraies recommandations concrètes et parfaitement compréhensibles.
Le rapport est assez court donc mais les notes sont nombreuses et aussi intéressantes à lire que le rapport en lui-même.
Juste un exemple de note :
Un courant récent d’histoire des sciences considère que l’ignorance peut correspondre à un manque de connaissance délibérément construit.
Cette théorie de la construction sociale de l’ignorance appliquée à la science décortique les processus visant à « mobiliser la science pour attaquer la science » (cf Mathias Girel (2017). Science et territoire de l’ignorance).
Parmi ceux-ci figure la recherche « leurre », qui peut être en partie financée par des lobbies, et qui vise à détourner la recherche vers des sujets moins pertinents.
Les résultats scientifiques peuvent également faire l’objet de remises en cause systématiques, qui les décrédibilisent, déstabilisent la décision politique et tendent à l’ajourner sous le prétexte de la nécessité de recherches supplémentaires. Cette stratégie s’avère souvent efficace.
Ainsi, les néonicotinoïdes ont été mis sur le marché européen au début des années 1990.
Très rapidement, les apiculteurs ont constaté une surmortalité des abeilles situées à proximité des cultures traitées aux néonicotinoïdes.
Néanmoins, il a fallu attendre septembre 2018 pour que l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant des néonicotinoïdes soit interdite en France.
La loi du 14 décembre 2020 relative aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire pour les betteraves sucrières a réautorisé leur usage jusqu’en 2023 pour les cultures de betteraves sucrières menacées par le virus de la jaunisse.
Au niveau européen, seuls trois néonicotinoïdes sont interdits depuis 2018.
Par une décision du 6 mai 2021, la Cour de justice de l’Union européenne a définitivement validé cette interdiction qui avait été attaquée en justice par Bayer.