Les Bébêtes


Les "Nuisibles": Faut-il tous les liquider?


Dans quelle mesure sont-ils vraiment nuisibles?

Tous les habitants du jardin sont utiles au cycle de la fertilité et de la vie.

Il faut donc voir leur pullulation indésirable comme le signe d'un déséquilibre du système, qu'il vaut mieux essayer d'identifier et corriger avant de sortir le pulvérisateur.

Ne nous leurrons pas, notre jardin ne pourra jamais être un écosystème équilibré. D'abord parce qu'il n'a rien de naturel. Sous nos latitudes, si on laisse la végétation suivre son penchant naturel, c'est la forêt qui s'installe.

Il est même impossible de retrouver les plantes sauvages à l'origine de tous nos légumes. À l'époque qui précédait la mécanisation et l'agrochimie, le maraîchage était une science complexe et les légumes avaient droit à des soins très spécialisés et minutieux. Sans le jardinier, ils ne survivraient pas.

Il faut cependant tenter un équilibre entre les forces qui tirent vers la forêt ou la garrigue, et celles qui mènent au désert chimique et biologique.

Même s'il n'est pas naturel, notre jardin est un système où des populations animales, végétales, fongiques et microbiennes tentent de s'implanter et de se supplanter. L'intérêt du jardinier est qu'au contraire, elles trouvent chacune leur place et parviennent à cohabiter et même à travailler en synergie.

Alors avant d'essayer d'éradiquer des gêneurs, il faut se demander:

  • Si j'élimine ces bestioles, quelles autres bébêtes utiles vais-je éliminer en même temps?
  • Si je les supprime du système, est-ce que je vais supprimer la source d'alimentation de leurs prédateurs, condamnés ainsi à disparaître et m'obligeant à toujours traiter de plus en plus?
  • Ces bestioles, nuisibles en ce moment, ne sont-elles pas utiles à d'autres périodes et en d'autres circonstances ?

- Les limaces dévorent mes jeunes plants et mes choux, je veux les voir disparaître. Mais ce sont aussi les éboueurs de mon jardin, les nettoyeurs de feuilles abîmées et de plantes malades, de précieux auxiliaires pour recycler la matière organique.

- Des punaises élevées pour combattre pucerons, aleurodes et autres parasites, peuvent devenir végétariennes et piquer les tomates quand les proies se font rares.

- Dans mon terrain très lourd et humide, les taupes m'installent un système d'aération et de drainage gratuit (avec en prime des monticules très décoratifs qui rompent la monotonie de ma pelouse…)

- Les pièges à bière ou le métaldéhyde que j'ai utilisé pour empoisonner les limaces qui dévoraient mes jeunes plants risquent d'intoxiquer le hérisson qui mange les limaces.

- etc.

Et avant de sortir la grosse artillerie, mieux vaut s'efforcer:

  • d'intervenir le moins possible, avec les moyens les moins destructeurs possibles.
  • de détourner les indésirables des plantes auxquelles on tient, en les attirant ailleurs.
  • d'observer ce qui se passe et trouver des méthodes de culture qui renforcent la résistance des plantes.
  • de faire la part du feu et de tolérer des pertes acceptables, en essayant d'établir un équilibre nuisibles / prédateurs.

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