Pollinisation, cicatrices et malformations des fruits

en chantier

Dans la plupart des cas la tomate est autogame, c’est-à-dire que la fleur se féconde elle-même, et elle n'a pas besoin d'insectes qui déposent le pollen d'une fleur sur le pistil d'une autre.

Les étamines, qui contiennent les grains de pollen, sont soudées et forment un tube, à l'intérieur duquel est enfermé le pistil. Le pollen n'est donc pas accessible aux insectes, et ce sont les vibrations du vent qui font tomber le pollen sur le stigmate, la partie réceptrice du pistil. Ce mode de pollinisation demande des vibrations de la fleur, inclinée vers le bas, pour que le pollen puisse tomber sur le stigmate. Si ces vibrations sont insuffisantes, ou si le pollen a coagulé à cause de conditions climatiques défavorables, la pollinisation ne se fera pas et la fleur avortera, ou elle sera incomplète et certains ovules ne seront pas fécondés, ce qui donnera un fruit irrégulier et / ou de petite taille.

Les températures inférieures à 20 degrés ou supérieures à 33 degrés ne sont pas propices à une bonne pollinisation et donneront des fleurs avortées ou des fruits “incomplets” dont certaines loges ne se seront pas développées.

source: https://www.agrireseau.net/legumesdeserre/documents/b24cs05%20Pollinisation%20tomate.pdf

Notons que chaque graine de la tomate correspond à un ovule qui aura été fécondé par un grain de pollen, qui contrôle l'information génétique stockée dans la future graine, mais aussi le développent du fruit, qui ne sera correct que si maximum d'ovules sont fécondés:

Le grain de pollen du sommet du pistil va s'étirer le long du style pour arriver jusqu'à l'ovaire. Là, il va donner deux éléments qui auront des rôles différents : un élément mâle ira féconder un ovule contenu dans l'ovaire et l'autre élément fécondera une seconde cellule qui, elle, provoquera la transformation du reste de l'ovaire en fruit. C'est donc une double fécondation qui aboutira à la formation d'un fruit contenant la ou les graines.

Source: http://animateur-nature.com/Autres_sujets/fleur_fruit.html

Quelques rares insectes, les bourdons surtout, ont trouvé le moyen de récolter le pollen des tomates. Ils s'agrippent au tube staminique en le mordant et volent sur place, provoquant des vibrations qui libèrent le pollen qui tombe sur le stigmate, et dont ils récoltent une partie au passage.

Les cultivateurs de tomates sous serre ont des problèmes de pollinisation. En l'absence de vent pour faire vibrer les fleurs, certains recourent à la vibration manuelle, d'autres installent des ventilateurs. Les professionnels surtout utilisent des ruches de bourdons, et comme ces insectes préfèrent d'autres fleurs aux tomates quand ils ont le choix ils les enferment dans les serres.

Notons que toutes les fleurs ne sont pas strictement autogames, et que suivant la variété ou la chaleur le pistil peut être plus ou moins proéminent. Lorsque le stigmate (petit renflement au bout du pistil qui reçoit le pollen) dépasse du tube staminique la fleur peut être pollinisée par des insectes porteurs du pollen d'une autre fleur. Beaucoup de variétés à gros fruits et à grosses fleurs sont dans ce cas, ainsi que les tomates bleues. Il faut prendre des précautions et ensacher les fleurs de ces variétés si on veut en récupérer les graines et les ressemer sans risque d'hybridation.

Surtout en début de saison où les écarts de température peuvent “figer” le pollen et perturber la nouaison des fleurs on obtient souvent des fleurs et des fruits bizarres et malformés.

Les “grosses fleurs” difformes des premiers bouquets sont en fait des “siamoises” réunissant plusieurs fleurs en une seule. Ces fleurs doubles ou triples apparaissent surtout sur les variétés à gros fruits et ne nombreuses loges de type beefsteak.

Lire l'excellent article d'agrireseau sur la pollinisation des tomates:
https://www.agrireseau.net/legumesdeserre/documents/b24cs05%20Pollinisation%20tomate.pdf

Et bien entendu Tomodori:
http://tomodori.com/6artetscience/fructification_tomates.htm>

Des cicatrices apparaissent autour de l'ombilic lorsque les températures sont défavorables ou qu'il y a de gros contrastes de température jour/nuit ou d'hygrométrie au moment de la floraison et de la nouaison. On constate donc le plus souvent leur présence sur les fruits des premiers bouquets.

Si la pollinisation est incomplète les cellules contrôlant la formation du fruit vont se développer de façon anarchique. Des déformations, des cavités, des plaques liégeuses et des coutures apparaissent au niveau de la cicatrice ombilicale. On appelle ce phénomène “face de chat”, et c'est sur les variétés à gros fruits et à loges multiples , dont la formation est plus complexe et sujette à plus de variabilité, qu'il est le plus courant.

Voir: http://ephytia.inra.fr/fr/C/5184/Tomate-Cicatrice-stylaire-liegeuse-sur-fruits

Si les anthères (les “sacs à pollen” fixés sur les étamines) se collent à l'ovaire lors de la fécondation on peut avoir une cicatrice qui se forme du pôle pédonculaire au pôle ombilical du fruit, et qui s'allonge au fur et à mesure de sa croissance. Elle durcit et forme des petites dents en relief qui lui donnent l'aspect d'une fermeture éclair. Sans conséquence pour la viabilité du fruit, si ce n'est qu'elle peut favoriser un fendillement si il grossit trop vite, à cause du manque d'élasticité de la peau à cet endroit.

Voir: http://ephytia.inra.fr/fr/C/5339/Tomate-Fruits-a-fermetures-Eclair

Les variations brutales de température et le froid influent sur la formation des fleurs et le développement de fleurs monstrueuse, doubles, triples ou plus. Nous avons vu que les accidents de pollinisation en sont aussi la cause, mais la génétique a également son mot à dire.

Plus les tomates sont de format gros et complexe plus les malformations sont fréquentes. La pointe qui se développe à l'extrémité de l'ombilic (mucronnage) proviendrait d'après l'inra d'une adhérence des vestiges de la fleur lors du grossissement de l'ovaire:

L'absence de chute des pétales et des étamines lors du début de grossissement de l'ovaire serait à l'origine de cette extension stylaire.

Cette persistance des pièces florales à l'extrémité des fruits serait influencée par les conditions climatiques limitant leur dessèchement ou le développement de l'ovaire (hygrométries excessives, températures basses).

source: ephytia.inra.fr/fr/C/5340/Tomate-Fruits-mucronnes

Un autre phénomène, la fasciation, consiste en un développement anormal d'un végétal:

Le méristème, c'est-à-dire le tissu en croissance, se développe normalement sur le point d'extrémité (l'apex) et dans le sens de la croissance, souvent vers le haut. Il produit des tiges plus ou moins cylindriques. En cas de fasciation le développement des tissus se fait dans une autre direction que celui de la croissance, horizontalement par exemple.

Phénomène qui affecte tiges, racines, fleurs et fruits.

source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Fasciation

Ajoutez y des proliférations anarchiques de cellules, et vous aurez des formes très pittoresques

La championne à ma connaissance est purple calabash, dont les fruits sont très savoureux, mais surprenants…

Il y a eu une alerte en 2013 sur tomodori, avec une cicatrice creuse qui retient l'eau et évolue en pourriture du fruit:

25 Aoû 2013 08:20 franciscolulu dans la série “on a une saison proctalgique”, voici ce que me font certains fruits: une pourriture qui se développe autour de la queue, qui affaiblit la fonction maintien et la tomate se détache toute seule et tombe. sur certaines la pourriture se propage au travers du fruit et le côté fleur se ramollit en brunissant un peu je n'ai pas eu le courage de tester si cette jolie nouveauté attristait le goût: poubelle! Y a-t-il des heureux tomatoculteurs qui connaissent ? cette partie marron autour de l'attache de la queue ne se trouve que là et ne se répand pas le long de la tige.

À partir de l’adresse <http://tomodori.com/forum/post244193.html>

On trouve souvent ces cicatrices liégeuses autour de l'attache de la queue, et elles peuvent être très volumineuses, formant un “trognon” dur et immangeable au cœur de la tomate. Comme ces “omar's lebanese” en 2013 également. Il y a parfois un vide sous une partie du pédoncule, fragilisant l'attache du fruit C'est un phénomène physiologique désagréable, assez fréquent sur certaines variétés, surtout les grosses plates.

Ces cicatrices forment autour du pédoncule un creux qui retient l'humidité, et elles sont souvent accompagnées de fentes et craquelures, points d'entrées de moisissures et pourritures diverses. Maintenir les fruits inclinés verticalement permet d'éviter la pourriture du pédoncule en permettant l'écoulement de l'humidité.

• D'après l'INRA:

Les variétés de tomate à gros fruits (multiloculaires avec peu de graines par loge et de gros cylindres centraux) présentent souvent des cicatrices pédonculaires liégeuses (corky peduncular scar) plutôt importantes. Celles-ci doivent être considérées comme un défaut sans conséquence associé à ce type de cultivars.

Signalons que plusieurs pourritures peuvent débuter à partir des cicatrices stylaire et pédonculaire (voir la rubrique Taches sur fruit évoluant en pourriture.

Source: http://ephytia.inra.fr/fr/C/5183/Tomate-Cicatrice-pedonculaire-liegeuse-sur-fruits

• Certains fruits ne mûrissent pas de façon uniforme et présentent un collet ou des épaules verts ou jaunes, qui restent durs, ou des plaques de tissu dur et blanc sur les parois ou à l'intérieur du fruit.

Causes probables: Excès d'azote et de calcium, bas niveau de potassium dans la plante dû à un excès d'humidité et un manque de lumière, manque de matière organique, ou PH élevé.

• D'autres, de forme très côtelée ou résultant de l'agglomération de plusieurs tomates “siamoises”, voient leurs éléments mûrir de façon décalée, ce qui peut être gênant mais reste anecdotique.

• Certains fruits présentent à maturité des plages vertes et dures formant des auréoles et des taches de couleurs différentes. Ce phénomène peut avoir plusieurs causes:
  • un problème physiologique de cause inconnue mais sans gravité, sol compact et températures trop basses
  • infestation d'aleurodes
  • maladie virale (symptômes semblables à ceux du virus de la mosaique de la tomate

(en anglais): https://extension.umd.edu/learn/tomato-ripening-problems-and-role-potassium

http://ephytia.inra.fr/fr/C/5348/Tomate-Marbrure-physiologique-des-fruits

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