Carences ou excès

magnésium, phosphore, potassium, calcium, fer, zinc, azote, etc.


La faim d'azote

Attention au paillage riche en carbone, surtout le BRF au printemps. Si les plantes jaunissent et la croissance est ralentie, il y a faim d'azote.

Feuille de tomate, jaunissement et étiolement dus à une carence en azote

Je cite ici l'article sur le BRF du site "A fleur de pierre" :

La faim d'azote n'est pas l'ennemi : elle montre au contraire que la pédogenèse est bien enclenchée. Les champignons s'accaparent de l'azote minéral du sol, mais vont ensuite le rendre disponible aux plantes sous forme assimilable (c'est-à-dire soluble).

Les champignons du sol qui dégradent le bois ont besoin d'azote pour décomposer la lignine lors d'un apport de BRF.

De même pour les bactéries du sol qui ont besoin d'azote pour digérer la matière organique non décomposée qu'on leur apporte en grande quantité, et elles puisent cet azote dans le sol. Du coup, il n'y en a plus assez pour les plantes.

Voilà pourquoi il vaut mieux pailler à l'automne plutôt qu'au début du printemps: les champignons et bactéries ont le temps d'attaquer lignine et cellulose pendant l'hiver, et la décomposition est bien entamée lorsque les plantes sont installées au printemps. De plus un paillage carboné à l'automne (feuilles mortes, paille, BRF) permet de fixer l'azote qui se minéralise avant l'arrivée du froid et serait lessivé.

Le paillage carboné favorise la vie du sol, en particulier les indispensables champignons dont nos terrains cultivés de longue date sont déficitaires. Il déclenche un processus d'aggradation du sol (création d'humus et développement de la pédofaune, opposé à la dégradation des sols laissés à nu) et il est indispensable à l'établissement d'un bon équilibre, malgré ce risque de faim d'azote préjudiciable à la plupart de nos cultures potagères, dont les tomates.

Il faut donc gérer ce passage délicat de la faim d'azote en prévoyant une culture de légumineuses (engrais vert) avant l'installation de BRF, ou en cultivant des légumineuses en sortie d'hiver.

Nous avons noté qu'après une première application de BFR, des apports subséquents modérés ne provoquent plus ce phénomène et les cultures ne semblent plus affectées. De même l'apport de BRF précomposté est neutre au niveau de la faim d'azote.

Avec nos cultures potagères gourmandes en azote en début de saison, on peut apporter de l'azote supplémentaire sous le paillage avec des orties (fraîches ou purin), de la consoude riche en potasse et azote, ou du compost sur 1 à 2 cm. Mais des spécialistes du BRF le déconseillent si c'est l'enrichissement de la vie fongique du sol qu'on recherche car l'apport de nitrates favoriserait les bactéries aux dépens des champignons qui n'utilisent l'azote que sous forme d'ammonium ou d'acides aminés.

Les bactéries sont favorisées par nos apports de fumier, compost et matières vertes (gazon, compostage direct en surface d'adventices et de déchets végétaux). Elles décomposent l'azote en nitrates utilisables directement par les plantes. Attention alors à l'excès d'azote, qui favorise les déséquilibres végétatifs, les maladies et les infestations de pucerons et autres insectes piqueurs indésirables. Au printemps il vaut mieux respecter un bon rapport C/N du paillis et apporter un mélange de matières sèches carbonées avec les matières vertes ou fumier.

A propos des rôles respectifs des fungi et des bactéries, lire le très intéressant article de Jacques Hébert sur la gestion des sols avec BRF dont je cite ici un extrait:

  • “BESOINS SPÉCIFIQUES : PLANTES DE CYCLES COURTS VS DE CYCLES LONGS”
“Toutes les plantes n’ont pas les mêmes besoins. Les fungi vont transformer l’azote d’un sol à dominance lignine, dans notre cas, la jeune lignine du BRF, en ammonium. Les arbres, arbustes et vivaces vont préférer un sol dominé par les fungi, soit un azote sous forme d’ammonium, alors que les plantes de cycles courts, tels que les légumes, annuelles et graminées vont préférer un sol avec dominance bactéries, soit un azote sous forme de nitrates. Quand les organismes sont mangés, une partie est consommée par ce prédateur le reste est rejeté dans les déjections et sert de nutriments sous forme d’ammonium ou en nitrates par ces bactéries, selon le cas.”

Pour en savoir plus sur paillis et faim d'azote:

Les déséquilibres minéraux : carences et excès

carence, feuilles basses (photo Linette, Les Tomos) carence généralisée à la plante entière, plusieurs plantes voisines portent ce genre de feuillage (photo Linette, Les Tomos) carence, feuilles basses épuisées (photo Linette, Les Tomos)

Signes avertisseurs:

  • Jaunissement des feuilles du bas (les plus anciennes): des jaunissements entre les nervures sur les feuilles basses des tomates peuvent être le signe de plusieurs carences: magnésium, potassium, azote.
  • Taches jaunes entre les nervures, puis apparition de taches brun rougeâtre au milieu. Les nervures restent vertes.
  • Les feuilles s'épaississent, s'enroulent, se dessèchent.

Feuille de tomate, carence en fer Feuille de tomate, carence en magnésium Feuille de tomate, carence en potassium, bords desséchés

Déséquilibre entre nutriments:

Macronutriments Micronutriments
Azote (N) Bore (B)
Calcium (Ca) Chlore (Cl)
Magnesium (Mg) Cobalt (Co)
Phosphore (P) Cuivre (Cu)
Potassium (K) Fer (Fe)
Soufre (S) Manganese (Mn)
Zinc (Zn) Molybdene (Mb)
Nickel (Ni)
Sodium (Na)
On pourrait penser que, si on leur apporte un maximum de nutriments, nos plantes seront bien nourries et pousseront mieux. Erreur!
L'apport excessif de certains éléments peut contrarier l'assimilation d'autres éléments.

Ce qui veut dire que l'apport d'un nutriment ne doit pas se faire à la légère, et en croyant mieux “nourrir” nos chères tomates, on peut provoquer des carences graves.

Tomate, carence en potassium Tomate, légère carence en magnésium Tomate, carence en magnésium



Je renvoie à l'article "Rôle des éléments minéraux" de Bernard Lagrelle, (spécialiste des orchidées), dont j'ai extrait un petit tableau de ces antagonismes:

Excès de… ⇒ Carence en…
azotepotasse
calciumfer, acide phosphorique, bore, magnésium
chloreaugmentation de l'électroconductivité d'où une perturbation pour l'absorption d'autres éléments
cuivre fer
magnésium calcium, brûlure du feuillage
manganèse fer, magnésium, calcium
potasse calcium, azote, magnésium
phosphate fer
Sulfates, nitrates phosphore

Sur la nutrition des plantes et l'équilibre des apports fertilisants, je recommande également les articles du site “Les jardins du gué”:

http://www.jardinsdugue.eu/les-elements-nutritifs/

http://www.jardinsdugue.eu/les-engrais-organiques/

Et pour ce qui nous intéresse ici, leur article sur "les carences ou excès" aide au diagnostic et donne d'intéressantes indications sur les cas suivants:

  • carence ou excès en eau
  • lumière insuffisante
  • carence ou excès d’azote
  • carence en phosphore
  • carence en potassium
  • carence en magnésium
  • carence en calcium
  • carence en fer
  • carence en manganèse
  • carence en bore
  • PH trop élevé
  • PH trop acide

on en a parlé sur Tomodori:

Ambiorix et son célèbre sujet “Le coin du chimiste”

http://tomodori.com/forum/topic2181.html

Repris par jean claude sur son site “Mange des fleurs”:

http://www.mangedesfleurs.be/au-jardin/la-chimie-au-potager-comment-identifier-votre-sol-en-fonction-de-la-vegetation/

Essentiellement sur les plantes indicatrices de la nature du sol, avec de bonnes indications sur les minéraux dans la seconde partie.


Historique, Crédits, Lien Forum

Version initiale par Linette Sur le wiki de Tomodori novembre 2014
Version actuelle par Linette Document revu et complété pour Les-Tomos janvier 2019
Discussions sur ce document → Sujet dédié du forum Les-Tomos

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