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Huiles horticoles, neem
Les huiles horticoles
Huiles minérales issues du pétrole ou huiles végétales, elles sont utilisées comme fongicides et surtout insecticides, très efficaces contre les pucerons, cochenilles, aleurodes et acariens, et certaines chenilles.
Leur utilisation ne semble pas très répandue en dehors de l'arboriculture, et à part l'huile de neem, elles ne sont pas mentionnées sur les sites jardiniers français, ni présentes sur les rayons des jardineries.
Pourtant il serait intéressant de les tester plus sérieusement. Surtout en Amérique du nord, on commercialise de nouvelles préparations à pulvériser accessibles aux jardiniers à base d'huiles horticoles. Des recherches ont montré qu'en association avec du bicarbonate elles en augmentent l'efficacité. Dans beaucoup de recettes de mélanges “maison” on recommande d'ajouter un peu d'huile de table.
La raison pour laquelle leur usage est cantonné à l'arboriculture serait leur phytotoxicité qui rend leur emploi délicat. Distillées à partir du pétrole brut, on les a longtemps réservées aux traitements d'hiver des arbres et arbustes, pendant la période de dormance, car si elles fonctionnent en asphyxiant les insectes, elles peuvent aussi asphyxier les plantes. De plus, elles sont incompatibles avec les fongicides, surtout le soufre, ce qui limite leur emploi.
Mais les huiles horticoles sont maintenant plus “légères” et utilisables sur le feuillage des arbres et d'autres végétaux, et leur champ d'utilisation s'élargit à l'horticulture et au maraichage.
Les huiles végétales mélangées à du savon ont été testées sur de nombreuses plantes potagères, et leur phytotoxicité varie en fonction de la plante. Certaines supportent très bien ces traitements (les poivrons, par exemple), d'autres non, (les courges et crucifères).
Pour plus de détails je renvoie à la synthèse très complète de l'EAP McGill, Québec, de 1995.
http://eap.mcgill.ca/agrobio/ab360-08.htm
Ainsi qu'au très intéressant document (en anglais) de l'université d'état du Colorado, mis à jour en 2014 : http://www.ext.colostate.edu/pubs/insect/05569.html, dont je traduis quelques extraits ci-dessous:
• Points forts: sécurité d'emploi, efficacité et toxicité limitée pour les insectes utiles.
• Ne pas utiliser sur certaines plantes sensibles. Risque de phytotoxicité augmenté en cas d'utilisation sur des plantes stressées par la sécheresse.“
“Les huiles horticoles ont différents modes d'action sur les insectes nuisibles:
Le plus important, elles obstruent les tubes respiratoires (spiracles) des insectes et provoquent leur mort par asphyxie.
Dans certains cas elles agissent comme des poisons en se combinant avec les acides gras des insectes, ce qui perturbe leur métabolisme.
Elles peuvent aussi perturber les mécanismes d'alimentation des insectes, et ainsi jouer un rôle important dans la transmission de virus par les pucerons.
L'utilisation d'huiles présente peu de risques pour les utilisateurs comme pour les espèces animales utiles, y compris les insectes auxiliaires, ennemis naturels des ravageurs. Ce qui les rend compatibles avec les méthodes de lutte biologique.
Leur toxicité est minimale comparée aux autres pesticides, et elles se dissipent par évaporation en laissant peu de résidus.
La principale limitation à l'emploi des huiles en pulvérisation est leur rare, mais réelle phytotoxicité dans certaines situations.”
Information intéressante à propos de l'huile de neem:
Ils indiquent que son principal élément actif, l'azadirachtine, a été extrait, synthétisé, et commercialisé comme insecticide. Mais l'azadirachtine ne fait pas tout! On trouve aussi sur le marché un produit insecticide composé d'huile de neem ne contenant pratiquement pas d'azadirachtine, préparé et utilisé de la même façon que les autres huiles horticoles.
L'huile de neem
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Le neem (Azadirachta indica ) est un arbre tropical aussi appelé margousier. Arbre sacré en Inde, chacune de ses parties est traditionnellement utilisée: les feuilles et l'écorce ont des utilisations cosmétiques ou médicinales. Les noyaux donnent l'huile aux propriétés insectifuges, insecticides, fongicides, bactéricides et virucides. Le tourteau et les fruits séchés en granulés servent de fertilisant et nématicide. Même le bois, de la famille de l'acajou, est utilisé.
L'huile est sans toxicité pour l'environnement, la faune bénéfique et l'homme donc pas de problème de délai avant récolte au potager.
Elle n'est pas phytotoxique aux doses préconisées, elle est même utilisée en engrais foliaire.
Elle épargne les abeilles, papillons, coccinelles et autres insectes non mangeurs de sève à condition de ne pas pulvériser lourdement leur habitat ou, pour les butineurs, les fleurs.
Propriétés insecticides:
L'huile de neem asphyxie les insectes à corps mou (pucerons, acariens, mouches blanches) et leurs œufs. C'est un répulsif, et un antiappétent. Les insectes n'arrivent plus à se nourrir. La ponte est perturbée, leur croissance est bloquée, ils arrêtent de muer.
Efficacité constatée sur: araignées rouges (Tetranyques), cochenilles, aleurodes, thrips, Pucerons, Cicadelles, Mineuses des tomates, tipules, limaces, punaises, chenilles, nématodes.
Propriétés fongicides:
Son efficacité a été testée avec succès sur:
Oidium, rouille et taches noires (marsonia) du rosier, botrytis Phytophthora spp., agent de la pourriture brune des cosses du cacaoyer, Alternaria panax sur le ginseng Rhizoctonia solani, Scletorinia, Fusarium oxyporum
Mode d'emploi:
Plusieurs concentrations peuvent être utilisées suivant que la pulvérisation est préventive ou destinée à juguler une infestation.
En général, on l'utilise à 0,5 % (en prévention) ou à 1%. L'effet sur les insectes n'est pas instantané, et il faut attendre plusieurs jours avant de juger de son efficacité.
En cas d'infestation, il faut pulvériser abondamment la plante, en insistant sur le dessous des feuilles, et le sol. Renouveler chaque semaine pendant 3 semaines, puis tous les 15 jours.
Si les insectes sont plus résistants, on peut être appelé à augmenter la concentration, jusqu'à 3%.
⇒Pour 1 litre à 0,5%:
5 ml d'huile de neem
1 ou 2 ml de savon noir ou détergent
1 litre d'eau tiède
-pour une solution à 1%, doubler la dose d'huile (10 ml (1 cc) / litre)
Mélanger d'abord le savon et l'eau chaude, ajouter l'huile de neem en remuant bien. Agiter constamment pendant la pulvérisation.
Ne pas conserver plus de 8 heures, une fois mélangée au savon l'huile commence à se dégrader. Le surplus peut être pulvérisé sur le sol . Attention, les tomates ainsi que les choux ou les oignons, n'aiment pas l'arrosage de leurs racines avec du neem concentré.
L'huile est particulièrement sensible aux UV et doit être conservée à l'abri de la lumière.
Ne pas appliquer en pleine chaleur, préférer le matin ou la fin de journée. En cas de températures trop élevées, d'exposition au soleil (ultra violets), de pluie ou d'humidité très importante, son efficacité peut être très réduite, voire annulée. Des pulvérisations plus fréquentes seront nécessaires.
Il faut la conserver au frais (au réfrigérateur de préférence)
Diluée à 0,5% en association avec du bicarbonate de sodium ou de potassium, l'huile est plus efficace contre l'oïdium.
Comme pour toutes les huiles, ne pas mélanger avec des produits contenant du soufre, ce qui provoquerait la formation de composés phytotoxiques. Espacer les traitements contenant l'un ou l'autre de ces 2 produits, huiles et soufre sont incompatibles.
Pour les limaces les avis sont partagés, mais certains jardiniers ont eu de bons résultats avec des pulvérisations sur sol sec.
Comment ça marche?
L'effet n'est pas immédiat, les insectes ne vont pas tomber raides morts juste après la pulvérisation.
L'huile a deux modes d'action:
1 - Mort par suffocation:
Comme toutes les huiles horticoles, minérales ou huiles de table, l'huile de neem recouvre les insectes d'un film gras qui les empêche de respirer et les tue par étouffement. Ce fonctionnement demande une concentration assez élevée de la pulvérisation, (jusqu'à 5%) et tous les insectes, nuisibles ou utiles, sont affectés.
2 - L'autre mode d'action est systémique:
Des principes actifs de l'huile de neem sont absorbés par la plante, et ont un effet similaire à des hormones pour les insectes qui se nourrissent de cette plante. Les insectes ne mangent plus, ne se reproduisent plus, ne pondent plus. Les œufs n'éclosent plus et la mue est bloquée chez les larves.
De très faibles concentrations d'huile de neem sont efficaces.
L'huile de neem fonctionne aussi comme répulsif.
Bien sûr tous les insectes ne réagissent pas de la même manière. Mais l'effet répulsif des plantes traitées au neem est visible. Et l'effet systémique explique pourquoi seuls les insectes herbivores et les piqueurs-suceurs sont affectés. C'est la plante dont ils se nourrissent qui les empoisonne.
Les prédateurs carnassiers ne sont pas affectés. Ni les mangeurs de pollen et de nectar, à condition quand même d'éviter de pulvériser directement les fleurs.
Pulvériser l'huile tôt le matin, ce qui permet à l'huile de sécher avant le début d'activité des insectes prédateurs ou des butineurs. On peut aussi attendre la fin d'après-midi. De toutes façons, il ne faut pas pulvériser quand les insectes utiles sont actifs.
On en a parlé sur Tomodori:
Nos traitements antimildiou 2010 source: http://tomodori.com/forum/topic8099.html
Comment la préparer:
- soupalognonycrouton, le 18 Juin 2011
Je lis partout que l'huile de neem serait soluble dans l'eau…. bizarrement, celle que je viens de recevoir n'a pas l'air d'accord (mayonnaise au fond du pulvérisateur)…comment ce fait-ce ? Y a t-il des “qualités” différentes ??
(j'ai utilisé : 1 litre eau+1 CaC huile+1/2 Cac bicarbonate de soude)
- franciscolulu, le 18 Juin 2011
l'huile de neem devient liquide et parfaitement soluble dans l'eau à partir de 25°
bain-marie obligatoire avant de mélanger et pour une solution homogène un bon coup de mixer
je fais comme ça systématiquement: un petit coup de camping-gaz, un petit coup de touilleur à peinture (accessoire s'adapte sur ma perceuse-visseuse à accumulateur (j'ai pas d'EDF au jardin!!!!!)) ensuite dans le pulvérisateur pour la plus grande détresse des fourmis éleveuses de pucerons….
- le bio potagiste, 18 Juin 2011
l'huile de neem pure n'est pas hydro-soluble, il faut la préparer avant emploi.
pour ce faire, prépare le mélange avant en faisant ainsi:
dans un contenant (je prends une bouteille en verre de jus de fruit) 2 tiers d'eau chaude, la quantité de savon noir nécessaire pour la quantité de mélange final à pulvériser, bien mélanger, puis la quantité d'huile de neem nécessaire (comme le savon noir), bien mélanger (je secoue fortement la bouteille). ne te reste plus qu'à ajouter le mélange à de l'eau dans ton pulvérisateur et à brasser le tout. attention, si l'eau est trop froide, l'huile va figer. il ne faut pas hésiter à ajouter un peu d'eau chaude dans le pulvérisateur.
tu peux ajouter ton bicarbonate dans le contenant ou dans le pulvérisateur indifféremment. quoi qu'il en soit, le pulvérisateur sera durablement imprégné de neem mais inutile de le rincer car le neem n’interférera pas avec d'autres éventuels traitements (les quantités résiduelles seront trop faibles)
si tu achètes de l'huile de neem hydro-soluble, la préparation est plus simple mais cela revient plus cher.
Pour en savoir plus:
http://lamaisondessens.blogspot.fr/2010/10/dossier-complet-sur-le-neem.html
http://www.aujardin.info/fiches/huile-neem.php
Un site australien clair et complet, mais en anglais:
http://www.discoverneem.com/neem-oil-insecticide.html
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